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L'expertise du cabinet-conseil New Deal
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28 juillet 2009

ON NE DIVORCE PLUS A CAUSE DE LA CRISE AUX USA !!!

Aux Etats-Unis, c'est aussi la crise pour les divorces
                           

      

      

   

   

   

Murielle voudrait quitter son mari Pierre*. Ça fait des mois que le conflit gronde entre eux. Après s'être cachée la face pendant des années, elle a fini par reconnaître ses infidélités et ne peut plus le supporter. Et puis elle voudrait refaire sa vie. Ou du moins se libérer du joug matrimonial afin de se remettre en quelque sorte sur le marché des célibataires.

Seulement voilà : à cause de la crise, le couple a décidé de rester ensemble, du moins pour le moment. La valeur de leur maison a chuté, l'emploi de Pierre est instable. Quant à Murielle, elle a abandonné son boulot de prof pour donner des cours particuliers à la naissance de ses enfants. Et avec les licenciements en série d'enseignants, ce n'est pas demain la veille qu'elle risque de retrouver un emploi à plein temps. Bref, Murielle et Pierre n'ont pas les moyens de se séparer. Encore moins d'engager des dépenses inconsidérées en frais d'avocats (nous sommes à Los Angeles).

Alors, comme un nombre de plus en plus élevé de couples, ils ont pris la décision de continuer à co-habiter en faisant chambre à part et en vivant chacun leur vie. Pas évident. Pourtant, c'est la tendance actuelle aux USA. Avec la crise économique, la débâcle des sub-primes et l'endettement des ménages, ceux qui ne peuvent plus se voir en peinture sont obligés de composer. L'ironie est que les difficultés financières ont longtemps été le principal motif de la majorité des divorces. Mais la situation est aujourd'hui si préoccupante qu'elles produisent actuellement l'effet inverse.

« Même les riches ont maintenant peur de diviser leurs biens »

« En vingt ans de métier, je n'ai jamais vu ça », commente Sharon Jill Sandler, une avocate spécialisée en droit de la famille. Sharon est partenaire dans un cabinet de Century City, dans le westside de Los Angeles. Elle gère une clientèle riche qui, il n'y a pas encore si longtemps, n'aurait pas hésité une seconde avant de divorcer :

« Mais même les riches ont maintenant peur de diviser leurs biens, ajoute Sharon. Ils ont perdu beaucoup d'argent et se sentent menacés, en déséquilibre. Leurs fortunes ne semblent plus aussi solides. Alors ils restent ensemble en attendant que les choses s'arrangent. »

Ou bien ils divorcent quand même tout en continuant de partager leur résidence. Généralement, le mari se retrouve dans le sous-sol aménagé, tandis que sa femme et ses enfants restent à l'étage. Dans ces cas-là, Sharon raconte qu'elle doit faire preuve d'une sacrée dose de créativité pour satisfaire ses clients en incluant des clauses inhabituelles dans leur convention, comme par exemple la co-propriété de la maison jusqu'à une date définie à l'avance mais que les divorcés peuvent changer d'un commun accord.

« Quel que soit le degré d'acrimonie et le caractère vicieux du divorce, les couples s'entendent pour limiter les dégâts et préserver leurs biens dans la mesure du possible. »

Sharon a perdu environ 15% de sa clientèle au cours des douze derniers mois et du coup, réduit ses tarifs.

Souvent d'ailleurs, ce n'est plus une maison qui doit être partagée, mais un gros paquet de dettes et d'hypothèques. Car il n'est pas rare que la valeur de la maison soit désormais inférieure au solde du prêt immobilier.

Une chute de 9% du nombre de divorces dans le comté de Los Angeles

Dans le comté de Los Angeles, le nombre de divorces a chuté de 9% par rapport à 2007. Tandis que la droite chrétienne applaudit et se félicite de cette conséquence inattendue de la crise, les psychologues flairent un danger. Les cas de violences domestiques et de désertion du foyer par un parent ont en effet augmenté.

Tous les couples souffrant de désamour ne sont en effet pas capables de co-habiter dans une relative harmonie :

« J'ai des clientes qui me téléphonent pour me dire qu'elles n'ont jamais été victimes de violences domestiques aux mains de leur mari mais que la situation chez elles est si tendue qu'elles craignent le pire », raconte Sharon.

Même si les taux de divorces déclinent progressivement aux Etats-Unis depuis 1981, il faut remonter à la crise de 1929 pour comparer le phénomène actuel. « A l'époque, on constata avec ravissement les effets positifs de la crise sur les mariages », écrivait récemment le professeur d'histoire et d'études familiales Stephanie Coontz :

« Mais les cas de violences domestiques augmentèrent proportionnellement. Lorsque les gens se trouvent forcés pour des raisons économiques de rester dans un mariage déjà conflictuel, ce n'est bon ni pour eux, ni pour leurs enfants. »

Il y a pourtant des cas, comme celui de Murielle et Pierre où, étrangement, le couple qui n'en est plus un réalise qu'il s'entend bien mieux que lorsqu'il était encore marié au vrai sens du terme. La pression et les contraintes, sexuelles ou autres, ont été comme dégoupillées, décapitées. Mais ce n'est pas la majorité.

* Les prénoms ont été modifiés.

   

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