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L'expertise du cabinet-conseil New Deal
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4 mai 2008

Je suis un con de blanc!

« Je suis content d’être blanc ! »

Journaliste, auteur, agitateur d’idées, intellectuel radical, Christian d’Alayer assiste, médusé, à la campagne électorale française. Comment ? Pas un Nègre pour l’ouvrir ? Au Gri-Gri, on garde un souvenir charmant d’une interview récente de M. d’Alayer. Aussi, lorsqu’il nous a envoyé l’offensive missive ci-dessous, nous avons décidé de la partager avec nos lecteurs.

Bonjour. Je m’appelle Christian d’Alayer et je suis « un con de blanc », comme on dit au Cameroun, qui a juste écrit un bouquin sur les Nègres, Un crime médiatique contre l’Afrique – Les Africains sont-ils tous nuls. Depuis que, petit blanc merdique, je défends les Nègres au péril de ma carrière (je suis chômeur définitif à présent), j’en ai pris plein la gueule. Surtout des intello à peau noire (je me demande ce qu’ils ont d’autre de noir, ces gus !) Faut voir ce qu’ils m’ont sorti quand j’ai fait ce qu’on appelle la « promo » du bouquin, c’est-à-dire une série de conférences-débats au cours desquelles on explique ce qu’on a fait et pourquoi on l’a fait et, en retour, on se voit malmené par l’assistance. Je me rappelle encore l’invitation d’une association d’étudiants majoritairement sénégalais. Quand j’ai dit, oh ! Horreur, que l’aide publique occidentale était à la fois « peanuts » (égale à presque rien) et nuisible, j’ai vu se lever l’étendard de la révolte…nègre. De la part de gens qui, par ailleurs, conspuaient et conspuent toujours leurs gouvernants africains qu’ils accusent notamment de dilapider l’aide occidentale. Une bonne partie de la salle, toutefois, a pris parti pour moi, notamment quand j’ai mouché une jeune intellectuelle qui osait dire qu’elle voulait d’abord réfléchir avant d’accepter le développement du pays qu’elle avait quitté et que, probablement, elle ne reverrait jamais : cette jeune crétine, il n’y a pas d’autres mots, se permettait de critiquer le mode occidental de développement et exigeait un moratoire avant de le copier dans son ex-patrie. Pas mal, non ?, quand on sait que les taux de chômage dans les grandes villes subsahariennes en cours de constitution avoisinent les 25% ! Je lui ai répondu, justement, que les pauvres ne pouvaient attendre et figurez-vous que ma réponse n’a plu ni à la dame, ce que je comprends, ni aux organisateurs de la réunion qui m’ont engueulé en public. Et c’est en réaction à cette engueulade qu’une partie de l’assistance, celle qui se tassait au fond de l’hémicycle, m’a littéralement ovationné.

« Sans doute les intello à peau noire sont-ils bien, justement, dans leur peau, repus, heureux, riches, embourgeoisés ? »

L’opposition était plus que nette entre les intellectuels et le bas peuple, si vous me permettez cette expression un peu facile. Les uns se complaisaient dans leur univers nébuleux, les autres réagissaient face à la vraie vie. C’est du moins la conclusion que j’en ai tirée en me disant toutefois que je pouvais me tromper et que les intellectuels africains expatriés n’étaient peut-être pas tous comme Calixte Belaya, vous savez, cette écrivaine camerounaise qui a osé défendre les fermiers blancs du Zimbabwe contre le gouvernement de Mugabe lequel, aujourd’hui, les exproprie. En oubliant beaucoup de choses au passage : que les Anglais, lors des accords de Lancaster House, avaient promis par écrit d’aider financièrement les Zimbabwéens à racheter les terres que les Blancs leur avaient piqué sans indemnités dans les dernières années du 19e siècle (c’est-à-dire hier) ; qu’ils n’ont pas tenu leur promesse et que, lorsque Mugabe, poussé par ses anciens combattants de la Liberté, a voulu agir tout seul et en direct, il a été diabolisé par Londres ; que Londres, alors, a financé une opposition sur base ethnique en se fondant sur l’ethnie ultra minoritaire qui avait combattu aux cotés de Ian Smith contre les forces rebelles de Mugabe ; et qu’en fin de compte, le dit Mugabe, bien que pas vraiment démocrate (mais la démocratie ne règne pas du tout dans le camp adverse qui s’est déchiré à plusieurs reprises sur ce thème), sera bel et bien considéré comme un héro de la décolonisation par toute l’Afrique noire dès qu’il sera mort (il n’est plus tout jeune).

Bref, vous avez sans doute pigé qu’une partie notable (tous ?) des intello à peau noire et vivant en France n’étaient plus véritablement des Nègres. Comment comprendre, sinon, que réunis au sein d’une association dont j’ai déjà oublié et le nom et les initiales tellement elle est absente du paysage médiatique, les intellectuels noirs vivant en France se soient aussi peu intéressés à l’actuelle campagne électorale ? Je n’ai pas le souvenir d’une seule intervention d’importance, un coup de gueule, une analyse dérangeante, quelque chose de fort, quoi !, qui vaudrait l’admiration des foules. Rien, le vide absolu, y’a même plus de Nègre chez Ruquier ! Sans doute les intello à peau noire sont-ils bien, justement, dans leur peau, repus, heureux, riches, embourgeoisés ? Et qu’ont-ils à faire alors des paumés des banlieues tiraillés entre un monde normal qui a foutu le camp, les parents chômeurs, l’école qui les a éjectés, un environnement de béton déshumanisé, le mépris des autres… Et, face à cela, les facilités de la violence qui réhabilite les garçons (au moins, se disent-ils, ils sont des hommes), celles du « deal » qui procure argent et considération et celles du journal télévisé qui, une fois par an, vous rappelle que vous existez quand même !

« Regardez-vous, bande de salopards : vous vous auto désignez comme représentants patentés du peuple noir, vous monopolisez les ondes que vous abandonnent les Blancs, vous n’arrêtez pas de créer des associations et pas un n’a eu le courage d’intervenir dans la campagne électorale quand Sarkozy a brandi la menace d’un ministère de l’Immigration. »

Alors, les bourges, y’en a pas un seul que cela fait frémir ? Sans compter les cul-terreux qui s’entassent dans les grandes villes d’Afrique et qui, faute de boulot sur place, font tout pour aller vers « l’Eden », ce Nord censé leur apporter le bonheur : ça vous en bouge une sans déranger l’autre, comme dirait Chirac ? Regardez-vous, bande de salopards : vous vous auto désignez comme représentants patentés du peuple noir, vous monopolisez les quelques ondes que vous abandonnent les Blancs quand ils ont plus honte que d’habitude, vous n’arrêtez pas de créer des associations et, en fin de compte, pas un d’entre vous n’a eu le courage d’intervenir dans la campagne électorale, même quand Sarkozy a brandi la menace d’un ministère de l’Immigration. Je suis blanc et, probablement, plus intellectuel que la majorité d’entre vous. Et bien dites vous que je suis plus que content d’être blanc ! Non parce que mon sort est préférable au vôtre, mais parce que je n’ai ainsi aucune honte à être intellectuel. Alors que, noir, je la ressentirais, cette honte, au plus profond de moi, en me disant que mes frères me maudiront des siècles durant. Car ils le feront : un jour, les Africains se poseront des questions. Et les réponses qu’ils trouveront ne vous plairont pas, mais pas du tout. Songez qu’il n’y a eu que deux interventions réellement nègres dans cette campagne : l’écrivain béninois (il préfère parler du Dahomey) Olympe Bhêly Quenum dans le Gri-Gri International et un petit bout de femme, mère de famille, Marthe Dayas-Eyoum, sur le site de Ségolène Royal, Desirdavenir. Ah ! J’allais oublier aussi l’inévitable sondage de Jeune Afrique (sic), « pour qui votent les immigrés » (le canard est si peu africain qu’il ne parle pas d’émigrés mais d’immigrés). Vous trouvez ça correct ? Je ne parle pas « d’insuffisance », c’est un mot trop doux pour qualifier le comportement des élites africaines émigrées en France face aux enjeux d’une campagne électorale de première importance. Le vide, le vide absolu. La faillite…

Christian d’Alayer

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