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L'expertise du cabinet-conseil New Deal

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13 avril 2012

Coup d’Etat, Touaregs, salafistes : la crise au Mali pour les nuls

Explicateur 12/04/2012 à 19h23

Coup d’Etat, Touaregs, salafistes : la crise au Mali pour les nuls

Marie Kostrz

http://www.rue89.com/2012/04/12/ coup-detat-touaregs-salafistes-la-crise-au-mali-pour-les-nulsdeux-semaines-apres-son-coup

Deux semaines après son coup d’Etat, la junte militaire malienne a rendu les armes. Le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, doit prendre la tête du pays le 12 avril et organiser un scrutin présidentiel dans les quarante jours. Sa tâche sera ardue : le pays est toujours coupé en deux.

Le 22 mars dernier, une junte militaire menée par Amadou Aya Sanogo, un lieutenant, a renversé le Président du pays Amadou Toumani Touré (ATT) ; les putchistes reprochaient au Président son laxisme dans le règlement de la crise qui secoue le Nord du Mali depuis la mi-janvier.

Depuis le 17 janvier, le Mouvement national de lutte pour la libération de l’Azawad (MNLA), un groupe armé de Touaregs, a en effet entrepris de conquérir le Nord du pays. Les Touaregs, peuple nomade implanté dans cette région avant l’arrivée des Français en Afrique de l’Ouest, ont toujours regretté que leur territoire ait été intégré au Mali lors de sa création en 1960. Ils rêvent de créer un nouveau pays. Le but du MNLA était donc de contrôler les garnisons et villes du Nord du pays, qui réunit les villes de Gao, Tombouctou et Kidal.

Face à cette offensive, les soldats maliens, mal équipés et peu soutenus par Bamako, ont fui leur position. C’est à cette débâcle que la junte militaire voulait mettre un terme en renversant ATT.

Elle l’a en fait encouragée. Le chaos qui suit la chute du président malien a permis au MNLA de maîtriser tout le Nord du pays une dizaine de jours plus tard.

Mais les rebelles touaregs ont été dépassés sur le terrain par un autre groupe de Touaregs : Ansar Dine. Ce dernier a contribué à la libération de certaines villes du Nord du pays depuis janvier.

Les vrais objectifs d’Ansar Dine, très différents de ceux du MNLA, ont fini par apparaître au grand jour. Ansar Dine, mouvement salafiste, veut instaurer la charia sur l’ensemble du Mali : il n’est pas question pour lui d’accepter la scission du pays en deux Etats indépendants.

Ansar Dine a depuis pris le contrôle de certaines villes du Nord, comme Tombouctou, délogeant le MNLA de ses positions. Les salafistes semblent depuis en position de force dans cette partie du pays : un groupe dissident d’Aqmi (Al Qaeda au Maghreb islamique), mouvement avec qui le chef d’Ansar Dine, Iyad ag-Ghali, a des liens, a enlevé le consul et sept membres consulaires algériens. Des membres de Boko Haram, groupe islamiste nigérian proche d’Al Qaeda, ont aussi été aperçus dans le Nord du Mali.

Coup d’Etat, révolte touarègue dans le Nord, coup de force des islamistes : la crise que traverse le Mali est complexe, ses acteurs nombreux. Rue89 vous aide à y voir plus clair.
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La junte militaire

Une prise de pouvoir éphémère

Lorsque, le 22 mars, le Mali attire l’attention des médias étrangers, il est trop tard : le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE), un groupe de militaires en colère, vient de renverser ATT.

Amadou Aya Sanogo, le lieutenant à la tête de cette junte, a pour premier réflexe de suspendre la Constitution « jusqu’à nouvel ordre », ainsi que toutes les institutions du pays.

L’ORTM, la télévision nationale, diffuse la déclaration de la junte, représentée par son porte-parole Amadou Konaré.
Déclaration de la junte sur la télévision nationale

La principale raison de son opposition au chef de l’Etat se trouve au Nord du pays : depuis le 17 janvier, villes et garnisons sont attaquées par une rébellion touarègue, dont les membres cherchent à obtenir l’indépendance de la région.

Le CNRDE reproche au pouvoir en place à Bamako sa mauvaise gestion de la crise. Interviewé le 27 mars par un journal malien, Amadou Aya Sonago justifie son geste :

« Les militaires meurent et les attaques continuent, mais personne n’est informé à temps réel. [...] En plus, les troupes confrontées à l’ennemi n’ont pas souvent de secours. [...] Plus grave, nos hommes ne recevaient pas le matériel dont ils devaient disposer pour faire leur travail. »

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Le MNLA

Pour l’indépendance des Touaregs du Mali

L’armée malienne connaît en effet depuis le 17 janvier de grandes difficultés dans le Nord du pays. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), au sein duquel différents groupes armés touaregs ont fusionné, a entrepris la conquête de cette partie du pays.

Le mouvement, créé en octobre 2011, a profité des retombées de la révolution libyenne. Après la chute de Kadhafi, des milliers de Touaregs auparavant enrôlés dans l’armée libyenne depuis les années 1990 se sont réfugiés dans le Sahel.

Ils ne sont pas rentrés chez eux les mains vides : les armes et munitions dont ils disposent ont rendu possible une offensive de grande ampleur dans le Nord du pays.

Carte de l’Azawad malien revendiqué par le MNLA (Wikimedia Commons/CC)

Le but du MNLA est de conquérir l’Azawad, un territoire qui réunit les régions maliennes de Gao, Kidal et Tombouctou. Masin Ferkal, de l’association Tamazgha en faveur de l’Azawad, précise :

« Avant la colonisation, l’Azawad était plus vaste, il recouvrait tout le territoire des Touaregs, au Mali, mais aussi au Niger et en Libye... Il comprenait aussi à l’Est le territoire des Toubous, un autre peuple autochtone. »

Une revendication vieille de plusieurs dizaines d’années

Le monde touareg en Afrique du Nord (Wikimedia Commons/CC)

Le peuple nomade des Touaregs s’étend sur cinq pays du Sahel : Mali, Algérie, Libye, Niger et Burkina Faso. Il fait partie de la famille des Amazighs. Ces derniers sont les habitants du Nord de l’Afrique présents avant l’arrivée des Arabes au VIIe siècle.

Des îles Canaries à l’oasis de Siwa, en Egypte, il réunit Kabyles, Chaouis, Rifains ou encore Chleuhs, autant de peuples revendiquant leur différence culturelle en Afrique du Nord.

Amadou Aya Sonago ne s’attendait pas à ce que son coup d’état donne un coup de pouce à la rébellion touarègue qu’il souhaitait combattre. Et pourtant, il est tombé à pic pour le MNLA. L’attaque lancée en janvier s’est accélérée début avril. En trois jours, les principales villes du Nord, Gao, Tombouctou et Kidal sont tombées entre ses mains, parfois sans grande résistance.

Le 6 avril, le MNLA a déclaré l’indépendance de l’Azawad. Mosa ag-Attaher, porte-parole du MNLA, explique à Rue89 :

« Ce n’est pas une rébellion, c’est une révolution qui s’inscrit dans un mouvement commencé dès 1958 lors de l’indépendance du Mali : nous avions demandé à la France de ne pas être rattaché à ce pays. »

Les revendications touarègues sur l’Azawad sont en effet anciennes. En 1958, lorsque le mouvement de décolonisation est amorcé, les Touaregs adressent une lettre à Charles de Gaulle, lui demandant que leur territoire ne soit ni divisé, ni intégré à des pays dans lesquels ils ne se reconnaissent pas.

La France, pendant un temps, avait envisagé la création d’un pays sahélien : en 1957 voit le jour l’Organisation commune des régions sahariennes (OCRS), une entité politico-économique autonome allant de l’Algérie au Tchad, sur laquelle la souveraineté française était accentuée.

Le but de la France, qui venait de découvrir la présence de pétrole dans le Sud de l’Algérie, était de contrôler le Sahara, qu’elle considérait comme une zone riche en ressources naturelles. En 1963, le projet a été abandonné, en partie à cause de l’opposition du président Modibo Keita, premier président du mali indépendant.
Une rébellion touarègue plus solide que les précédentes

L’indépendance du Mali n’a cependant pas découragé les Touaregs, qui se sont soulevés à plusieurs reprises contre l’incorporation de leur territoire à ce nouveau pays. En 1963, 1990 et 2006, ils ont pris les armes, accusant le pouvoir central de marginaliser leur peuple.

Alors qu’ils militent pour l’amélioration de leurs conditions de vie, en-deçà de celles du Sud du pays, ils ne demandent pas l’indépendance du territoire où ils vivent. Apparue en 2012, cette velléité est une première : les moyens militaires et humains du MNLA lui permettent aujourd’hui de défendre une position qui lui était avant hors de portée.

Le rétablissement des institutions dissoutes par le coup d’Etat du 22 mars n’a pas amoindri les revendication du MNLA. Mosa ag-Attaher, affirme que toute arrivée de troupes dans l’Etat proclamé de l’Azawad sera considéré comme une agression, et que des combats ne sont pas à exclure.
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Ansar Dine

Un mouvement salafiste dirigé par un Touareg

La conquête des villes du Nord ne s’est cependant pas faite par les seuls membres du MNLA. Elles ont souvent été prises, en parallèle, par Ansar Dine, un groupuscule armé salafiste créé en décembre 2011.

Le MNLA explique que durant les premiers mois de la révolte touarègue, les deux mouvements « sans avoir d’alliance », libéraient simultanément les villes du pouvoir malien. Depuis, la « rupture » est consommée. Mosa ag-Attaher :

« En mars, nous avons rencontré les leaders d’Ansar Dine. Alors qu’avant ils proclamaient vouloir l’indépendance de l’Azawad, nous nous sommes rendu compte que leurs objectifs étaient très différents des nôtres. »

Si le MNLA veut un Etat indépendant à tendance laïque, Ansar Dine entend imposer les préceptes d’un islam dur sur l’intégralité du territoire malien. Interviewé par Jeune Afrique, l’intermédiaire d’Iyad ag-Ghali affirme :

« Il n’y a pas de problème entre nous et le MNLA, ils suivent leur chemin et nous suivons le nôtre. Ansar Dine ne connaît que le Mali et la charia. »

Le MNLA dépassé par Ansar Dine sur le terrain ?

Faute de nombreux journalistes présents dans le Nord du Mali depuis la rébellion, le rapport de force entre le MNLA et Ansar Dine est difficile à évaluer. Plusieurs sources rapportent que le groupe islamiste contrôle plusieurs villes du Nord.

Selon Al Jazeera, il a par exemple délogé le MNLA du centre de Tombouctou.
Reportage d’Al Jazeera en anglais

Soucieux de ne pas voir son mouvement assimilé aux islamistes, le MNLA a envoyé début avril un ultimatum aux combattants d’Ansar Dine. Ceux-ci devaient avoir quitté la ville avant le 6 avril s’ils ne voulaient pas être attaqués. Les menaces n’ont jusqu’à présent pas été mises à exécution.

Le MNLA déclare que la lutte contre Ansar Dine n’est « pas une priorité », qui est davantage la défense des nouvelles frontières de l’Azawad (non reconnues par la communauté internationale).
Iyad ag-Ghali, un chef historique de la lutte touarègue

Il est surtout difficile pour le MNLA d’attaquer Iyad ag-Ghali. Le chef d’Ansar Dine est lui aussi touareg, proche de la chefferie des Ifoghas, tribu dont une partie des membres du MNLA est issue.

Une attaque contre ce chef serait d’autant plus mal acceptée d’une partie des Touaregs qu’Iyad ag-Ghali est encore respecté parmi ces derniers : c’est lui qui a mené la révolte touarègue de 1990 et signé les accords de Tamanrasset avec le gouvernement en 1991. Il demeure un symbole de la lutte touarègue, même si le sentiment de la population est partagé à son égard depuis qu’il a adhéré au salafisme dans les années 1990.

Son discours a en effet mué au fil des ans. Envoyé en Arabie saoudite en 2007 pour y être conseiller consulaire, il sera expulsé du pays en 2010, accusé d’entretenir des liens avec Al Qaeda.

Les Occidentaux ont depuis fait appel à lui à diverses reprises lors des prises d’otages afin qu’il serve d’intermédiaire avec Aqmi.
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Aqmi

Une idéologie proche d’Ansa Dine

La présence d’Aqmi dans le Nord du pays est un autre défi qui attend le MNLA et le Mali. La branche africaine d’Al Qaeda, implantée dans cette zone depuis 2003, n’a jamais été combattue avec acharnement par le Mali, ni les pays alentours, comme l’Algérie, dont sont originaires la plupart de ses membres.

Sa mission est la même que celle d’Ansar Dine, mais ses moyens divergent : le groupe islamiste malien ne capture pas d’otage, ne décapite pas ses prisonniers.

Bien que la présence d’Aqmi soit à relativiser, elle doit être observée avec attention. Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), groupe dissident d’Aqmi, a revendiqué l’enlèvement du consul d’Algérie et de six membres de sa mission enlevés à Gao le 5 avril.

RFI relate également la présence de combattants de Boko Haram, mouvement islamiste du Nigeria auteur de plusieurs attentats ces dernières années :

« Boko Haram-Aqmi, les relations se renforcent chaque jour. Certes, contrairement à Aqmi, Boko Haram n’a toujours pas fait allégeance à Al Qaeda, mais une branche de cette secte séjourne aisément sur les terres des islamistes dans le Sahel. Ils reçoivent une formation militaire dans le maniement des explosifs. Ils reçoivent aussi une formation idéologique. »

Ses liens avaient avec Al Qaeda avaient déjà été évoqués en juin 2011, lors de l’attaque d’une église au Nigeria revendiquée par Boko Haram.
Le MNLA, repoussoir d’Aqmi dans le Nord du Mali

Le MNLA réfute tout lien avec ces différents groupes. Les Touaregs avaient en effet combattu Aqmi en 2006, après qu’Ibrahim Ag-Bahanga, leader d’une petite rébellion touarègue à la frontière algérienne, a demandé à l’organisation islamiste de quitter le Nord du Mali.

Mokhtar ben Mokhtar, un des leaders d’Aqmi, avait été déclaré mort, bien qu’il ait en réalité survécu.

Aqmi a rencontré des difficultés pour s’étendre dans le nord du Mali : les Touaregs qui y vivent ont une pratique de l’Islam beaucoup plus modérée et voient d’un mauvais œil l’arrivée de ses combattants qui sèment le trouble et font fuire les touristes.

Le MNLA refuse de devoir porter la responsabilité du coup de force des islamistes survenu après le coup d’Etat. Mosa ag-Attaher souligne :

« Aqmi existait avant la proclamation de l’Etat de l’Azawad. Le Mali a laissé tous ces groupes terroristes, narcotrafiquants s’installer dans cette région. On ne va pas réussir à les chasser du jour au lendemain. »

Le MNLA souhaite être intégré à la lutte antiterroriste menée par les différents pays de la région. Une proposition qui n’a pas intéressé ces derniers. Dans un communiqué publié le 6 avril, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a sous-entendu ne pas faire de différence entre le MNLA et les autres groupes armés présents dans l’Azawad :

« La Commission rappelle à tous les groupes armés du Nord du Mali que le Mali est “un et indivisible” et qu’elle usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer l’intégrité territoriale du pays. »

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15 mai 2010

QU'EST-CE QUE LA BLAXPLOITATION

lundi 1 février 2010

http://carolineloeb.blogspot.com/search?updated-max=2010-02-25T23%3A49%3A00-08%3A00&max-results=7

LA BLAXPLOITATION

 Dans Paname, des affiches nous interpellent pour un nouveau film. Sur celles ci des acteurs noirs évoquent irrésistiblement le cinéma de la "blaxploitation". C'est quoi, la blaxploitation? C'est une vague de films américains des années 70, joués par et pour la nouvelle bourgeoisie noire américaine, qui elle aussi aspirait à son "afro american way of life". Comme on sait, Quentin Tarentino en a fait une de ses sources d'inspiration majeure et il ne cesse de piocher dans ses images. Il a d'ailleurs fait faire un come back émouvant à Pam Grier, une des icônes des films de cette époque dans Jackie Brown il y a quelques années.

Si on connait certains de ces films: "Shaft" (avec la bande son sublime de Isaac Hayes), "The Wiz" (le fameux remake du Magicien d'Oz avec Diana Ross et Michael Jackson), "Lady sings the blues", "Cotton comes to Harlem" ou "Watermelon man", personnellement, ce sont ceux dont je ne connais que les titres qui me font le plus rêver: "Blacula" (où l'on voit un grand noir aux dents acérées dans sa cape noir), "Disco Gadfather", "Blackenstein", "Cleopatra Jones" (le titre étant sans doute une référence au magnifique Carmen Jones précurseur d'Otto Preminger (1954), version entièrement noire, étonnante, de Carmen de Bizet avec Dorothy Dandridge et Harry Belafonte, deux sex symbols au fait de leur séduction).

Mais il y a aussi "Black Cesar", "Black Lolita"… Une mine, j'vous dis! La plupart du temps ce ne sont qu'histoires de flics, de voyous, de dealers, de maquereaux, les célèbres "pimps" et "pushers", agrémentés de filles roulées comme des Cadillacs, à l'époque où les Cadillac ressemblaient encore à quelque chose! Ce miroir tendu à la communauté afro américaine est plein de clichés. Ces films révèlent une tripotée d'acteurs super doués comme Ron O'Neal, Antonio Fargas (le désopilant "Huggy les bons tuyaux" de "Starsky et Hutch .black ceasr.jpg

Mais cet âge d'or n'a qu'un temps. Après quelques années de surproduction,avec quelques pépites à la clef, la mine d'or s'épuise et les Studios décident brutalement d'arrêter la production de ces films. Les acteurs, qui étaient devenus des vraies vedettes, se retrouvent subitement au chômage, dans la misère, ressemblant du jour au lendemain malgré eux aux paumés qu'ils incarnaient peu de temps avant dans ces fictions kitsches. Désèspérés, largués, ils sombrent qui dans l'alcool, qui dans la drogue et rares sont ceux qui survivront à ce brusque revirement de politique des Studios tout puissants. Cette période unique est une prise de conscience pour les afro américains.

Les "Blacks panthers" militent activement et les "Last poets" les grand pères des rappeurs d'aujourd'hui scandent leurs chansons ultra militantes "Niggers are scared of révolution" Depuis quelques années Sipke Lee reprend avec panache le flambeau d'un cinéma noir américain. "I'm black and I'm proud", et l'esthétique clinquante de ce cinéma a influencé des artistes de rap comme Snop Dog. Marco Prince, (chanteur et fondateur DU groupe de punk français, les formidables, flamboyants et fantastiques FFF) m'apprenait il y a quelques semaines que Melvin Van Peebles, celui dont le célèbre "Sweet Sweetback's Baadassss Song" a été au départ de la Blaxploitation était parisien depuis quelques années. Décidémment, la France aura toujours été, et continue à être un pays d'accueil pour une certaine élite noire américaine; les Nicholas Brothers, Miles Davis, entre autres.

Très lentement, les noirs français deviennent eux aussi plus visibles. Encore à doses homéopathiques, certes. Mais c'est comme pour la parité. On demande 50/50, et on nous propose 45/65! Je ne suis pas forte en calcul, et je l'ai prouvé, mais de toute évidence, y'a un blême! Oui, la prédominance de l'homme blanc sur nos sociétés occidentales a encore de beaux jours devant lui!

Publié par photos profil: Sabine Villiard à l'adresse 16:14

17 mars 2010

DROIT DE REPONSE AU "BENINOIS LIBERE" DE OBA CHABI DENIS

Cabinet de l’Honorable Dénis OBA CHABI

Président du Groupe Parlementaire « Unité Nationale »

 

A

 

Monsieur le Directeur de Publication du quotidien « Le Béninois Libéré »


OBJET : Droit de réponse au sujet de votre parution du 08 mars 2010.

 

Monsieur le Directeur de Publication,

Il m’a été signalé que dans votre parution n°1003 du 08 mars 2010, vous titrez à la « Une » : « André Okounlola négocie la clé de Ouèssè pour Yayi ».

Cet article, si je m’en tenais à son titre, ne devait, a priori, soulever aucune polémique encore moins mon indignation.

[Mais à le lire de très près, la légèreté, la volonté manifeste de calomnier le disputent à l’incompétence professionnelle ou pour le moins à une absence délibérée de rigueur journalistique]*.

En effet, dès les premières lignes de votre article et ce déjà en première page,

( le procédé n’est pas anodin), vous affirmez : « …les rumeurs font état de ce que les populations Mahi menacent de tourner dos à Yayi »

Monsieur le Directeur de Publication,

Un quotidien qui se respecte est-il le réceptacle des rumeurs de badauds ? Un journaliste professionnel ne se doit-il pas de vérifier et de recouper les informations, pardon les rumeurs, dont il a connaissance ? Votre collaborateur qui répond au nom de Eric Djékpé a-t-il pris cette précaution élémentaire ? Non, il a versé dans la facilité d’être le porte-voix de propos non vérifiés, non recoupés.

Du coup, [je m’interroge si ce n’est pas fait à dessein ; si cet article n’est pas une « commande ».]*   Je me sens d’autant plus fondé à douter de sa rigueur journalistique qu’il affirme plus loin : « … non contentes de la marginalisation et du manque d’attention dont elles font l’objet de la part des députés Benoît Dègla, Oba Chabi Dénis […] avait décidé de sanctionner les FCBE en 2011. »

De qui, votre collaborateur tient-il ces informations ? L’article ne nous renseigne en rien sur une source crédible, se réfugiant derrière de prétendues populations à qui chacun peut faire dire tout et son contraire.

Ces méthodes n’honorent pas votre profession. La volonté de salir est manifeste. Le souci de calomnier transparaît entre vos lignes. Le parti pris est incontestablement la marque de cet article digne de brèves de comptoir, de conversations de bistrot.

Dois-je par ailleurs souligner le rôle d’apprenti sorcier de l’auteur de cet article ? Il affirme toujours dans son condensé en première page, je redis ici que le procédé n’est pas innocent, il est cousu de fil blanc. Il relève disais-je donc : « … il y a aussi le différend qui oppose les Mahi et les Nago. »

Sait-il que votre Code de déontologie interdit les écrits attentatoires à l’unité nationale ? L’ODEM en a appelé, dans une récente actualité, au sens des responsabilités des professionnels des média. Que Monsieur Eric Djékpé en prenne donc de la graine.

Monsieur le Directeur de Publication,

J’aurai pu citer à l’envie tous les mots blessants et surtout injurieux écrits sans discernement sous la plume de votre collaborateur. De qui parle-t-il quand il fait dire à Monsieur Okounlola André que des nains politiques l’empêchent de mobiliser les populations pour Yayi ? Qui vise-t-il quand il parle « d’apprentis sorciers, champions en intoxication et en médisance [qui] auraient décroché le titre de meilleurs intriguants » ?

Pour ma part, je ne me laisserai pas distraire dans ma passionnante mission de représenter et de défendre les intérêts de tous mes mandants à l’Assemblée Nationale. Pour votre gouverne, retenez que ceux qui ont acquis Ouèssè à Yayi Boni en 2006 se connaissent. Ils ne sont en rien impressionnés par les gesticulations maladroites des nouveaux venus à l’émergence !

 

Monsieur le Directeur de publication,

Votre journal n’est pas à son coup d’essai par vos attaques ad hominem. Il n’y a pas si longtemps, déjà au sujet du même André Okounlola, utilisant les mêmes procédés indignes, vous avez déjà affirmé sous la plume légère d’un certain Sidick Bagoudou que j’aurais été signataire de la constitution d’une commission d’enquête sur l’acquisition des machines agricoles et des essoucheuses. Ceci sans preuves malgré votre promesse jamais tenue à ce jour, de revenir sur le sujet.

Je ne redirai jamais assez que les méthodes de votre quotidien n’honorent pas votre profession. J’aurais pu vous répondre par le mépris. Mais il est des temps où la moutarde de la honte doit monter au nez. Si elle se refuse de monter par la persévérance dans l’erreur, les moyens légaux doivent être utilisés.

Je vous prie donc de publier ce droit de réponse dans les conditions prévues par les lois de notre République.

Dans l’attente, croyez, Monsieur le Directeur de publication, que je reste convaincu que force doit rester au professionnalisme. Mais je ne finirai pas ce droit de réponse sans vous soumettre cette phrase célèbre de F. MITTERRAND : « toutes les explications du mondes ne justifieront pas qu’on ait pu livrer l’honneur d’un homme aux chiens… »

Les chiens se reconnaîtront. Mon honneur quand à lui est sauf !

 

Fait à Cotonou le 15 Mars 2010.

 

Pour l’Honorable D.O.C et pour ordre

 

Le Directeur de Cabinet

* Ces passages n'ont pas été publiés dans le droit de réponse paru dans le N°1010 du Mercredi 17 Mars 2010, Page 5 du quotidien "Le Béninois Libéré".

 

27 février 2010

Mouvement d'Eveil pour la Démocratie

LANCEMENT DU MOUVEMENT D’EVEIL POUR LA DEMOCRATIE (MED ODOUDOUA). ALLOCUTION DE l’HE Dénis OBA CHABI.

 

Distingués invités,

Mesdames messieurs,

Nous voici une fois de plus rassemblés pour fêter l’élargissement continu de la majorité présidentielle.

Aujourd’hui, samedi 27 février2010, ici à KILIBO, les fils et filles de la Commune de OUESSE, apportent solennellement leur soutien au Dr. YAYI Boni et proclament leur attachement à cet ambitieux projet d’émergence en cours dans notre pays.

Je voudrais, en tant que député de notre aire culturelle shabè, d’abord en mon nom propre et au nom des militants de mon parti le CAP-SURU,  féliciter vivement les initiateurs du Mouvement d’Eveil pour la Démocratie : MED ODOUDOUA.

L’acteur politique de premier plan que je suis devenu grâce à vous, a toujours été convaincu que c’est dans l’union de toutes les énergies que se réalisera la réélection de notre frère le Président YAYI Boni.

Je suis donc heureux de constater que le MED ODOUDOUA s’inscrit dans cette logique en rejoignant les rangs de notre alliance : les Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE).

Mesdames messieurs,

Permettez-moi de souhaiter la bienvenue au MED ODOUDOUA parmi nous. Je ne doute pas un seul instant que leurs contributions, leur dynamisme sur le terrain, leur enthousiasme nous seront bénéfiques pour une victoire sans faute en 2011 que nous appelons tous de nos vœux.

Il ne me reste plus qu’à souhaiter bon vent au MED ODOUDOUA et en avant pour les victoires à venir !

Je vous remercie !

26 février 2010

SARAH PALIN, LE RETOUR?

MONDE / AMÉRIQUES

Un cauchemar nommé Sarah Palin

You essai / vendredi 26 février par Doug Ireland

Barack Obama, premier président noir, pourrait laisser la place à la première femme présidente. Hillary ? Non, Sarah. Gare à la revanche de la gourde !

Vous vous dites qu’une écervelée comme Sarah Palin ne peut pas être élue présidente des États-Unis ? Erreur !

Début février, Palin a fait un triomphe à la première convention nationale du Tea Party, le nouveau mouvement populiste de droite et anti-Washington qui revendique déjà 6 millions de militants, et dont elle est dorénavant la porte-parole. Les délégués ont scandé « Run, Sarah, Run ! » pour l’encourager à se présenter à la Maison Blanche en 2012. Et pour la première fois, l’éphémère gouverneur de l’Alaska a déclaré, en clair, « J’irai si c’est bon pour le pays ».

Sarah P. - JPG - 36.8 ko

Sarah P.

Dessin d’Oliv’

Déjà en tête des présidentiables républicains dans tous les sondages, Palin est favorite dans la course à la nomination pour une simple raison technique : les républicains utilisent le système du « winner take all » c’est-à-dire que dans chaque état le vainqueur aux voix rafle tous les délégués de cet état. Parmi trois ou quatre candidats, Palin pourrait aisément l’emporter avec 30% ou 35% des voix dans une primaire.

C’est le cas de la Californie -où un tiers des électeurs s’identifie avec le Tea Party- ou de l’Ohio, où Palin finance les campagnes de ses candidats républicains locaux préférés. Ajoutez-y trois ou quatre gros états similaires, les plus petits états sudistes et ceux de la « Bible Belt » (la "ceinture de la Bible" de l’Amérique profonde où elle est archi-populaire), et elle sera la nominée des républicains.

Vous dites que contre Obama elle n’aura aucune chance ? Faux ! Car outre les candidats des deux grands partis, il est presque certain que Michael Bloomberg, le maire multimilliardaire de New York, sera lui-même en lice sur un ticket autonome. En 2008, il était prêt à déclarer sa candidature à la Maison Blanche, mais s’était désisté après le succès d’Obama auprès des électeurs indépendants.

Aujourd’hui la donne a changé : les indépendants désertent Obama en masse, et Bloomberg, conservateur du point de vue fiscal mais progressiste sur l’avortement ou le mariage gay, est en phase avec ces centristes. De plus, il n’est pas de la culture washingtonienne si honnie par la masse des électeurs, qui considèrent au contraire que Bloomberg est trop riche pour être corrompu, et aiment l’idée d’un entrepreneur à succès à la tête d’un pays en pleine crise économique. Bloomberg prendra davantage de voix à Obama qu’à Palin, et celle-ci pourrait être élue présidente avec 35% ou 40% des suffrages, un seuil à sa portée dans un pays de plus en plus à droite.

Obama sent venir l’incendie populiste : il a admis à la télévision qu’il pourrait n’avoir qu’un seul mandat. Palin présidente ? Le cauchemar pourrait bien devenir réalité…

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25 février 2010

Un passeport digital contre l'anonymat sur le Net

entretien

       

Kaspersky : « Contre l'anonymat sur le Net, un passeport digital »

                           

      

      

   

   

   

Eugène Kaspersky, expert en sécurité informatique et créateur de l'antivirus qui porte son nom (Sergei Chirikov/Reuters)

En partenariat avec LesInrocks.com

Une carte d'identité pour se connecter à Internet afin de lutter contre la cybercriminalité et un appel au bon sens des internautes sur les réseaux sociaux : deux thèmes abordés par Eugène Kaspersky, créateur de l'antivirus du même nom, et spécialiste en sécurité informatique.

Expert russe en lutte contre la cybercriminalité,Eugène Kaspersky est une personnalité joviale et sans langue de bois, dont les prises de position détonnent dans le monde policé de la lutte contre les pirates informatiques.

Vous êtes favorable à la création d'un passeport virtuel pour se connecter à Internet, en mettant fin à l'anonymat…

La question est de donner à la cyberpolice plus de pouvoirs, et plus de moyens pour lutter contre le cybercrime. Aujourd'hui, 99% des utilisateurs d'Internet sont persuadés d'être anonymes sur la Toile. Mais c'est faux. Si le gouvernement veut les retrouver, il y arrivera. En revanche, les cybercriminels savent comment passer entre les mailles du filet.

Mon idée est simple : quand vous conduisez une voiture, si vous respectez le code de la route, la police vous laissera tranquille. Mais si vous enfreignez le code, là la police viendra vous attraper. Votre permis de conduire, votre plaque minéralogique aident la police à vous identifier et à vous arrêter si vous ne respectez pas les règles.

Aujourd'hui sur Internet, on peut dire que votre adresse IP ou l'adresse MAC de votre ordinateur sont votre plaque minéralogique. Mais quid du permis de conduire ? Je pense que tous les internautes doivent avoir un passeport digital, comme ça si vous agissez mal, la police pourra vous tracer.

Ce genre de décision ne peut pas se prendre au niveau national : les cybercriminels ne connaissent pas les frontières. Il faut une coopération internationale, pour créer un Interpol de la cybercriminalité, qui transférera les données aux polices locales. Sans cette régulation, il y a aura de plus en plus de cyberattaque envers les Etats.

C'est une question critique, car nous dépendons d'Internet. Près de 90% de l'économie mondiale en dépend. Si un criminel réussit à prendre le contrôle d'un million d'ordinateurs à travers le monde, et décide de lancer une attaque sur la France, que pensez-vous qu'il va se passer ?

Les cybercriminels trouveront un moyen de passer entre les mailles du filet, non ?

Bien sûr, certains y arriveront, mais pas tous. Imaginez qu'il n'y ait plus de police dans la rue, plus de lumière, qu'il n'y ait pas besoin de permis pour conduire, et que toutes les vitres des voitures soient teintées. Qu'est-ce que ça donnerait ? Internet ! 95% des gens rouleront en respectant le code, 5% feront n'importe quoi. En régulant, on combat ces 5%, dont 99% rentreront dans le rang.

Pensez-vous que les internautes seront d'accord pour se soumettre à un passeport digital ? Ne vont-ils pas y opposer une atteinte à leur liberté ?

Je ne pense pas qu'il y aura de loi disant du jour au lendemain « pour vous connecter, vous devez utiliser votre carte d'identité virtuelle ». Ça sera plutôt du pas à pas. Vous voulez consulter votre compte en banque en ligne ou voter électroniquement ? Utilisez votre carte d'identité virtuelle.

Mais ce dont je parle, ça n'arrivera pas l'an prochain, ou dans cinq ans. Je parle du futur. Les ordinateurs tels que nous les connaissons auront disparu, remplacés par les smartphones [téléphones permettent d'accéder à Internet, comme l'iPhone, ndlr].

Les téléphones ressemblent de plus en plus à des ordinateurs, et seront bientôt capables de gérer toutes les données dont vous avez besoin. C'est dans l'ordre de l'histoire de l'informatique, tout devient de plus en plus petit. Des supercalculateurs, on est passé à l'ordinateur de bureau, au portable, à l'ultra portable. Prochaine étape ? Les téléphones…

… et l'iPad ?

Je ne crois pas à l'iPad. Ce n'est pas un ordinateur portable, ce n'est pas un téléphone, et c'est trop gros pour qu'on le mette dans sa poche. Ce n'est pas un chien, ce n'est pas un humain, c'est une créature entre les deux (rires). Je ne crois pas trop à ce système, mais bon, Steve Jobs est plus intelligent que moi.

Je pense que les ordinateurs seront encore plus miniaturisés, pour atteindre la taille d'un téléphone, et on pourra appeler avec. Pour travailler ou surfer, il suffira de brancher son téléphone à un écran et à un clavier. Et ce téléphone, cela sera aussi votre carte d'identité virtuelle, votre porte-feuille virtuel.

Si tout est réuni au sein d'un même appareil, il faudra renforcer la sécurité…

Tout à fait. Si vous le perdez, ou si on vous le vole, il faudra le déclarer à la police. Et on pourra vous le remplacer. Je ne connais pas tous les détails. Mais je suis sûr qu'on arrivera à ce type d'appareil dans quelques années.

Aujourd'hui, les smartphones sont la nouvelle cible des hackers ?

Qu'est-ce qui différencie un smartphone d'un ordinateur ? Il n'y a pas de souris sur le smartphone, et c'est plutôt difficile de passer un coup de fil dans la rue avec son ordinateur.

Mis à part ça, il n'y a pas grande différence. Sauf une : pour le moment, il n'y a pas autant de services sur les smartphones que sur les ordinateurs. Pas d'accès à la gestion de vos comptes en banque notamment …

C'est pour ça que les hackers ne sont pas très intéressés par les smartphones, il n'y a pas beaucoup d'argent à se faire. Mais je suis sûr que tous ces services finiront par arriver sur les téléphones. Et les pirates avec. Ils ne font que suivre l'argent.

Qu'en est-il des réseaux sociaux ? N'est-ce pas un lieu idéal pour les pirates, qui peuvent utiliser la confiance que l'on a dans ses « amis » pour mieux nous attaquer ?

L'utilisation des réseaux sociaux par les cybercriminels n'est pas nouvelle. Ils savent que c'est très facile d'y tromper les gens, car ils se font tous confiance ! Sur les réseaux, les gens sont très imprudents. Techniquement, il n'y a rien à faire. La seule façon d'augmenter la sécurité sur ces sites, c'est d'éduquer les utilisateurs.

Les gens ont bien intégré qu'il ne faut pas cliquer sur les fichiers attachés d'un mail douteux. Mais sur les réseaux sociaux, ils se disent « enfin, c'est un ami, j'ai rien à craindre ! Je le connais pas vraiment, mais c'est un ami » [rire sarcastique]. Ne faites confiance à personne !

Il y a donc un manque d'éducation des internautes…

Oui, et je le dirais simplement. Quand vous vous connectez sur Internet, s'il vous plaît, n'éteignez pas votre cerveau.

En partenariat avec LesInrocks.com
LesInrocks.com

Photo : Eugène Kaspersky, expert en sécurité informatique et créateur de l'antivirus qui porte son nom (Sergei Chirikov/Reuters)

   

23 janvier 2010

Internet sera-t-il le terrain d'affrontement mondial du XXIe siècle ?

Clinton transforme Internet en champ de bataille idéologique

                           

      

      

   

       

Hillary Clinton pendant son discours sur Internet le 21 janvier (Molly Riley/Reuters)

Internet sera-t-il le terrain d'affrontement mondial du XXIe siècle ? Après la Guerre froide qui se mesurait en terme d'ogives nucléaires capables d'annihiler l'ennemi, après la croisade éphémère de l'administration Bush qui rêvait d'imposer la démocratie par les chars et les armes, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a présenté jeudi Internet comme la nouvelle frontière de la liberté pour le monde.

Premiers visés, les dirigeants chinois ont réagi dès vendredi en dénonçant une approche idéologique utilisant la « soi-disant liberté d'Internet ». Un communiqué officiel a rejeté les accusations de la secrétaire d'État qui avait appelé Pékin à enquêter sérieusement sur la récente tentative d'intrusion dans les serveurs de Google que ce dernier attribue à des hackers chinois.

Un éditorial du Global Times, quotidien reflétant les vues du courant nationaliste au sein du pouvoir chinois, est allé plus loin en écrivant vendredi :

« La campagne des États-Unis en faveur d'une libre circulation de l'information sans censure sur un Internet sans restrictions constitue une tentative déguisée d'imposer leurs valeurs aux autres cultures au nom de la démocratie. »

A l'opposé, certains blogueurs chinois applaudissent l'offensive américaine en faveur de l'abolition de la censure et des contrôles, y voyant une référence directe à leur propre situation.

Le site China Digital Times a repéré ce détournement (Voir la photo ci-dessous) par le blogueur chinois Chengcheng de la peinture de Delacroix, « La Liberté guidant le peuple », détournée en « Hillary guidant le peuple »…

Le risque de « se couper des progrès du siècle à venir »

Hillary Clinton, dont le discours était programmé avant le début du bras de fer entre Pékin et Google qui risque d'entraîner l'éviction du géant américain de Chine, a effectivement prononcé un plaidoyer en faveur d'un Internet sans frontières, sans barrières et sans censure. Un Internet unique à l'échelle mondiale, sans restrictions, qui deviendrait le « nouveau système nerveux du monde » :

« Les pays qui restreignent le libre accès à l'information ou violent les droits élémentaires des utilisateurs d'Internet risquent de se couper des progrès du siècle à venir ».

La secrétaire d'Etat a promis le soutien de l'administration au développement de systèmes pour contourner les blocages et les interdits sur le Web, et a demandé aux entreprises américaines, comme Google ou Yahoo, de refuser la censure et de privilégier les valeurs au profit à court terme… Elle est restée dans le flou sur les aspects concrets de cette posture libertaire.

La nouvelle frontière des libertés

Ce discours fait effectivement du Web la nouvelle frontière de la liberté dans le monde, mais aussi un nouveau terrain d'affrontement à la fois idéologique et même « guerrier » entre nations et groupes rivaux au XXIe siècle.

Dans sa ligne de mire, à la fois les pays cyberliberticides, citant nommément cinq d'entre eux : Chine, Iran, Ouzbékistan, Tunisie et Égypte ; mais aussi Al Qaeda et ceux qui détournent cet espace de liberté au profit de causes extrémistes ou liées au terrorisme.

Ce discours permet d'envisager les affrontements de demain, ceux de la cyberguerre dont la Chine est loin d'avoir le monopole et dont on sait que tous les grands pays s'y préparent activement, et ceux des interdits et des moyens de les contourner, qui, de Pékin à Téhéran, du Caire à Tunis, sont devenus des enjeux majeurs de notre époque.

Le revers de la médaille de la posture d'Hillary Clinton ? Elle risque aussi de trouver sur sa route certains de ses amis et leur volonté de contrôler et de restreindre le flux libre d'informations. Son plaidoyer en faveur de l'espace de liberté sur la toile malgré les excès tranche avec le discours dominant négatif entendu en France ou en Italie, et les mesures restrictives qui se multiplient.

Reste à attendre des actions concrètes

La vraie question tient aux moyens que l'administration américaine entend mettre au service de cette vision. Ethan Zuckerman, fondateur du site Global Voices (cité par Rebecca McKinnon) qui donne la parole aux internautes du monde entier dans une douzaine de langues, résume ainsi l'enjeu du discours :

« C'est encourageant de voir Clinton et le département d'État être sans ambiguïtés du bon côté sur ces questions. Mais il est difficile de savoir s'il y aura des conséquences concrètes à ces mots, au-delà d'un exposé vertueux d'aspirations.

Espérons donc que la prochaine étape sera une discussion sur les moyens d'aller au-delà des mots, pas seulement sur la censure, mais sur cette idée provocatrice de la “liberté de se connecter”, et la vision du “nouveau système nerveux planétaire”. »

La réponse à cette question est attendue avec intérêt dans des pays comme la Chine ou l'Iran, à la fois par ceux qui cherchent à élargir leur espace de liberté très relative sur Internet et par ceux qui voient dans l'attitude américaine l'amorce d'une nouvelle guerre froide, cyber celle-là.

"La Liberté guidant le peuple" détourné avec le visage d'Hillary Clinton

Photo : le tableau « La Liberté guidant le peuple » détourné avec le visage d'Hillary Clinton ; Hillary Clinton pendant son discours sur Internet le 21 janvier (Molly Riley/Reuters)

22 janvier 2010

LA TAXE CARBONNE POURRAIT NE RIEN RAPPORTER A LA FRANCE.

Taxe carbone : si elle est efficace, elle ne rapportera rien à l'Etat

                           

      

      

   

   

   

La taxe carbone prétend à la fois inciter les Français à des comportements moins polluants et collecter de l'argent pour l'Etat. Or, si les Français polluent moins, ils seront moins taxés, et le gouvernement perdra son assiette fiscale. Drôle de logique.

La taxe carbone est un terme qui aurait certainement émoustillé le sémiologue Roland Barthes pour les diverses significations qu'elle a recouvertes ces derniers mois. Pour faire simple, revenons-en aux recommandations de la commission Rocard.

La taxe carbone est présentée alors comme le coût estimé par les experts de notre pollution en carbone. La taxe suit la logique économique de Pigou : elle est uniquement là pour nous inciter à corriger un comportement nuisible.

Elle revêt la signification suivante pour qui doit la payer :

« Comme ton comportement est polluant, soit tu en changes, soit tu paies, et c'est 32 euros par tonne de dioxyde de carbone émise (500 euros par an environ pour un ménage français qui en rejette 15,5 tonnes en moyenne d'après l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie).

La somme versée est mise dans un pot commun, puis restituée en partie à chacun sous forme d'un chèque “vert” d'un montant forfaitaire. »

La société récupère donc cash tout le produit de la taxe pigouvienne une fois qu'elle a rempli son rôle de modérer l'activité polluante des individus.

La logique de la bouteille consignée

Cette logique s'apparente à celle qui consiste à payer à l'avance pour une bouteille consignée. On est remboursé si on fait l'effort de rapporter la bouteille, et véritablement taxé seulement si on jette la bouteille dans la nature. Il s'agit donc moins d'une taxe carbone que d'une « consigne carbone ».

Mais après un été d'intenses débats, la taxe carbone est récupérée à l'automne par le gouvernement qui la transforme alors en outil destiné à financer les dépenses publiques. C'est une autre logique économique, inspirée, elle, de Ramsey. Elle est particulièrement appréciée en période de crise où le déficit budgétaire ressemble de plus en plus au tonneau des Danaïdes.

Elle est encore plus attrayante si le gouvernement se fixe pour objectif de supprimer la taxe professionnelle qui alimente en France les budgets des collectivités territoriales. La taxe carbone revêt alors la signification suivante pour qui doit la payer :

« En remplacement de la taxe professionnelle, moi gouvernement, je vais te faire payer une taxe dite “carbone” et c'est 17 euros la tonne de carbone (260 euros par an environ pour un ménage français). »

Un « double dividende »

Evidemment, il y aura des exemptions, surtout pour les entreprises dont l'activité ne peut être ralentie pour cause de crise. Le produit de la taxe servira à alimenter les caisses de l'Etat et, éventuellement, celles des collectivités territoriales.

Ta mairie par exemple, aura bien besoin du revenu de la taxe carbone pour investir dans de nouvelles… n'exagérons pas, disons « maintenir en état » les infrastructures routières et scolaires, financer sa politique sociale, culturelle, etc.

Non, il n'y aura pas de chèque vert, mais dis-toi que la taxe carbone est certainement un meilleur impôt que la taxe professionnelle car elle génère un « double-dividende » : elle permet d'améliorer la qualité de l'environnement et supprime en même temps les distorsions causées par la taxe professionnelle, qui constituait notamment un frein à l'embauche.

Le prix de la nuisance environnementale est de 32 euros, mais la taxe est à 17

La logique Ramsey de la taxe carbone est moins claire que la logique pigouvienne. Pourquoi annoncer 17 euros de taxe par tonne de carbone alors que la nuisance environnementale a été précédemment estimée par les experts à 32 euros ?

Une lecture rapide suggère que la taxe, une fois évaluée par Bercy, aurait sérieusement perdu de son charme, habillée en Ramsey. Elle perturberait l'efficacité des taxes déjà existantes, et pour cette raison, il faudrait la maintenir à un niveau modeste. Si l'on doute de cette explication, en voilà une autre.

Le choix de 17 euros par le gouvernement vient se caler sur le prix de la pollution en carbone déjà donné par le marché des droits à polluer, qui s'applique aux industries les plus polluantes. Comme il tournait autour de 15 euros la tonne à l'automne, on ne pouvait guère s'éloigner de ce niveau pour imposer une taxe au reste de la société.

Il ne faut pas désespérer les ménages français en taxant leur pollution en carbone plus lourdement que celle de nos industries les plus polluantes. La démarche du gouvernement n'en est pas moins paradoxale.

Voilà une taxe qui prétend conjuguer incitation à des comportements vertueux et collecte de ressources pour l'Etat. Or, si les comportements évoluent vraiment comme on peut l'espérer, le gouvernement perdra peu à peu son assiette fiscale. Le succès de la taxe carbone version Ramsey repose sur un échec de sa logique pigouvienne : pour remplir les caisses de l'Etat, il vaut mieux que les comportements restent polluants. Embarrassant, non ?

Sans doute pour atténuer le paradoxe, le gouvernement a réintroduit en partie le principe du remboursement forfaitaire dans sa dernière version de la taxe carbone à 17 euros la tonne : il serait pour les ménages seulement, pas pour les entreprises… dont certaines seraient toutefois exemptées de taxe… et d'autres bénéficieraient de crédits d'impôts… De nombreuses questions restent en suspens.

   

3 janvier 2010

LE CLERGE PAYE PAR VOS IMPOTS EN GUYANE....

Guyane.
Le clergé catholique salarié du conseil général.

http://www.rfi.fr/actufr/articles/050/article_4806.asp

Echappant au débat national sur la laïcité, la Guyane demeure une intrigante exception au sein de la République. Sur ce territoire qui compte 180 000 habitants et 22 communes, un quota de 27 prêtres plus l’évêque du culte catholique sont rétribués sur le budget du département. Coût chaque année: plus de 800 000 euros de fonds publics.

La Guyane n’est pas l’Alsace-Moselle. Certes, elle échappe aussi à la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905. Mais dans ce département d’outre-mer, c’est le conseil général et non l’Etat qui verse les salaires des ministres du culte catholique. En outre, en Alsace-Moselle, les bénéficiaires de ce traitement relèvent de plusieurs cultes (catholique, protestants, israélite).

En Guyane, seul le clergé catholique est rémunéré sur le budget départemental. Salarié de catégorie A du conseil général, monseigneur Louis Sankalé est, depuis août 98, le premier évêque guyanais du diocèse de Cayenne. Selon lui, «cette spécificité du clergé guyanais est à la fois un acquis de l’histoire et quelque chose qui relève d’une certaine ambiguïté. Cela a conduit à considérer que les seuls agents pastoraux crédibles était ceux rémunérés donc les prêtres.

Quelque part cela a contribué à déresponsabiliser le reste de l’Eglise: les chrétiens, les laïcs, les religieux et donc à forger une Eglise assez cléricale finalement». Mais, pour l’évêque de Guyane, un siècle après la loi de 1905, il faut toujours laisser du temps au temps: «Je ne trouverais pas choquant qu’un jour les chrétiens de Guyane payent leur clergé. Mais il faudrait nous laisser le temps de préparer les mentalités. Ce n’est pas en trois ans que nous allons dire aux gens: bon voilà désormais vous allez payer vos prêtres! Je ne connais pas beaucoup de catégories sociales, qui seraient prêtes à renoncer à un avantage acquis du jour au lendemain».

Vingt-sept prêtres de Guyane, salariés de catégorie B du département, émargent donc autour de 1500 euros mensuels. Pour le père Plug qui officie à Cayenne, «les Guyanais en sortent gagnants car, contrairement aux Antilles et à l’Hexagone, ils ne sont pas soumis aux casuels: la rétribution des sacrements, baptême, mariage, enterrement». Pas tous «les Guyanais» car en contrepartie d’autres bons offices du conseil général (entre 8 et 9 habitants de Guyane sur 1000 y sont employés), la fiscalité départementale fait recette. Elle représente le double de la moyenne nationale pour le foncier bâti et la taxe d’habitation.

Un dossier risqué sur le plan électoral Cette rémunération du clergé n’a jamais fait l’objet du moindre débat en séance plénière du conseil général: «On évoque la question dans les couloirs, jamais au-delà», confie ainsi André Néron directeur général des services départementaux. Fabien Canavy, conseiller général indépendantiste au MDES (Mouvement de décolonisation et d’émancipation sociale) ne s’avance guère plus: «Nous avons d’autres priorités au département. Pour l’instant, c’est une affaire qui marche et lorsque le fond du problème sera abordé, je ne serai peut-être plus conseiller général».
La question n’a pas davantage été évoquée lors des différentes discussions sur les projets de réforme statutaire de ces dernières années. Ces travaux ont pourtant rassemblé, à un moment ou à un autre, l’ensemble de la classe politique. La députée Christiane Taubira (divers gauche) interrogée par le Club de la presse de Guyane en avril 2002 au cours de sa campagne présidentielle, estimant pour sa part qu’«il faudrait modifier la loi pour permettre l’application de la séparation de l’église et de l’Etat de 1905».

Des propos au demeurant jamais suivis d’actions sur le plan parlementaire. L’important électorat catholique local persiste donc à fixer un voile pudique sur l’engagement des élus sur la question. Mais comment expliquer cet héritage tenace ? En 1905, lorsque l’assemblée nationale vote la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il est prévu de la rendre applicable dans les colonies. Ce sera fait le 6 février 1911 pour la Martinique, la Guadeloupe et la Réunion. «Il a été question d’étendre cette législation à la Guyane. Il semble que localement il y ait eu une opposition d’une partie de la classe politique.

Dans sa séance du 1er avril 1911, la commission coloniale, qui n’a pourtant pas compétence en la matière, émet un vœu pour exclure la Guyane de l’application de la loi de 1905», explique ainsi une étude réalisée il y a quelques années par Anne-Marie Bruleaux, alors directrice des archives départementales de Guyane. L’étude aboutit à ce constat: «Le seul texte fondamental régissant les cultes en Guyane demeure l’ordonnance royale de Charles X du 27 août 1828, laquelle, bien que d’inspiration concordataire, ne reconnaît que le culte catholique».

Une spécificité nullement remise en cause par les décrets Mandel de 1939. Ainsi, lors de la création d’un poste de pasteur protestant à Kourou en 1970, puis lorsqu’il a été question de désigner un imam musulman en Guyane, le problème a été évoqué. Mais l’administration, arguant du fait que ces cultes n’ont jamais été reconnus par la loi en Guyane, a répondu négativement à la demande de rémunération. «La Guyane ne vit donc pas sur le régime du Concordat, d’autant plus qu’une loi de finance de 1900 a transféré la charge des cultes de l’Etat à la colonie et par la suite à la collectivité départementale», conclut Anne-Marie Bruleaux.

Mais s’il venait aujourd’hui à l’esprit d’un administré de saisir une juridiction sur cette spécificité ? «Un contentieux ne servirait pas à grand-chose puisqu'un texte prévoit ce versement», estime un haut-fonctionnaire spécialiste de la question. En droit, aucun service «spirituel» rendu à la collectivité ne serait donc à démontrer.

par Frédéric  Farine
Article publié le 01/02/2004

2 janvier 2010

Jésus n'est pas Dieu pour Wade!

Afrique

       

Sénégal : Wade le « sculpteur » dérape puis demande pardon

                           

      

      

   

   

   

Monument de la Renaissance africaine (DR)

On savait Abdoulaye Wade excentrique et parfois allumé. Mais le président sénégalais a franchi toutes les limites avec des propos jugés « offensants et humiliants » par le cardinal Théodore Adrien Sarr, chef de l'église catholique du Sénégal.

Jeudi, pour calmer le jeu après une journée d'affrontements à Dakar entre jeunes catholiques et forces de l'ordre, le chef de l'Etat sénégalais a demandé pardon à l'église.

Pour s'excuser, le président sénégalais a envoyé au chef de l'église une délégation conduite par son propre fils, le ministre d'Etat, Karim Wade, et comprenant plusieurs ministres. Karim Wade a fait savoir qu'ils étaient venus demander pardon à l'église :

« En aucun cas le président de la République n'a voulu offenser ou porter atteinte à la communauté chrétienne. Si les propos du Président ont porté atteinte ou touché les Sénégalais chrétiens, nous présentons nos excuses à la communauté chrétienne sénégalaise et à la communauté chrétienne internationale. »

« Des gens adorent le Christ qui n'est pas Dieu »

L'objet du délit ? Une sculpture au centre d'une gigantesque controverse à Dakar, et surtout des propos tenus par Abdoulaye Wade lundi devant des enseignants.

Le président s'en est pris aux pourfendeurs du monument dont il revendique la paternité, en des termes qui ont choqué les catholiques : répondant aux religieux musulmans qui ont qualifié son monument de « païen », il a comparé son monument aux représentations du Christ dans les églises, soulignant que « des gens adorent le Christ qui n'est pas Dieu » :

« On prie Jésus dans les églises, tout le monde le sait, mais ils [les détracteurs du monument, ndlr] n'ont jamais demandé qu'on casse les églises, ils n'ont jamais fait d'objections ils ne s'intéressent pas à ce que les gens font là-bas. Moi aussi, je ne me préoccupe pas de ce qu'ils font et c'est ça la tolérance. »

« Une fois encore, la foi de l'Eglise a été bafouée »

Outré par la comparaison, le chef de l'église, le cardinal Sarr, a aussitôt réagi dans un discours :

« Une fois encore, la foi de l'Eglise a été bafouée, par la plus haute autorité du pays.

Meurtris et humiliés, nous l'avons été par les propos insupportables de Monsieur le Président de la République, banalisant publiquement, devant des éducateurs de nos enfants, ce qui fait le cœur de notre foi.

Meurtris et humiliés, nous l'avons été par les risques de divisions que de tels propos pourraient engendrer dans une communauté nationale caractérisée par une entente exemplaire entre chrétiens et musulmans. »

Les chrétiens représentent 10% de la population du Sénégal

Le lendemain, raconte Pressafrik.com, partenaire de Rue89 au Sénégal, des jeunes ont pris la direction du palais présidentiel en portant une croix. Ils ont été rejoints dans leur marche forcée par les marchands ambulants.

Une procession qui va se heurter à la férocité des forces de l'ordre. Elles ont mis en place une barrière humaine et ont commencé à balancer des grenades lacrymogènes. Les cris fusent de partout. Des grenades lacrymogènes aboutissent à l'intérieur de la cathédrale. L'atmosphère est irrespirable, les yeux larmoient.

Les chrétiens constituent une minorité religieuse au Sénégal avec moins de 10% de la population totale. Ils sont majoritairement des ethnies diolas, sérères et manjaks.

Qui est le sculpteur, Abdoulaye Wade ou Ousmane Sow ?

Au coeur de cette controverse, le désormais célèbre Monument de la Renaissance africaine, en cours de finition dans le quartier populaire dakarois de Ouakam.

Il y a eu d'abord la revendication de la paternité de cette oeuvre monumentale par le président Wade lui-même, qui est même allé jusqu'à réclamer des droits d'auteur de 35% sur les futures recettes, alors qu'elle avait été initiée par le célèbre artiste sénégalais Ousmane Sow. Ce dernier s'est ensuite retiré du projet et s'est fâché avec le président sénégalais.

Il y a ensuite le rejet de cette sculpture par les religieux musulmans pour « paganisme », certains y voyant même un monument d'influence maçonnique à la suite de la récente révélation par le président Wade, dans le magazine L'Express, de son « passé maçonnique ».

« Qui disait que la vieillesse est un naufrage ? »

L'opposition sénégalaise s'en donne à coeur joie contre Wade, certains dénonçant un président octogénaire devenu « sénile » ; d'autres dénonçant, comme le fait le quotidien Sud, « une forme extrême de mégalomanie couplée à son impuissance, qu'il traduit dans une violence verbale anti-religieuse » :

« Sinon, comment comprendre, que dans un Etat laïc, qui doit garantir la liberté de culte et de pratique, Maître peut-il se permettre de dire à ceux qu'il considère comme ses coreligionnaires “d'aller voir ce qui se passe dans les Eglises, où des gens adorent le Christ qui n'est pas Dieu ? ”

Et le quotidien de conclure :

“Qui disait que la vieillesse est un naufrage ? Maître se raccroche désespérément à son radeau de la Méduse et veut nous entraîner dans un naufrage collectif”.

Illustraton : la photo du “monument de la Renaissance africaine”, sculpture controversée à Dakar. Les deux personnages dessinés au bas de l'image donnent une idée de sa taille. (DR)

Avec la participation de notre partenaire

   

1 janvier 2010

ECOUTEZ LES PORTABLES DE VOS AMIS ET ENNEMIS !!!

Espionner, c’est simple comme un coup de fil…

Allo Maman bobo / vendredi 1er janvier par Woodward et Newton

 

               

       

Joli cadeau de nouvelle année. Un hacker allemand a dévoilé les clés de cryptage du GSM. En fait, comment sont codées les conversations sur téléphones portables. Au grand dam des opérateurs…et des agences gouvernementales.

Lundi 28 décembre, afin de démontrer les lacunes en matière de sécurité des systèmes globaux sans fil, un ingénieur informatique allemand a déclaré qu’il avait décodé et publié le code secret utilisé pour crypter la plupart des communications sur les téléphones mobiles digitaux.

L’expert en question, un certain Karsten Nohl, a affirmé avoir pour seul objectif de démontrer l’inefficacité de l’algorithme GSM de cryptage vieux de 21 ans. Un code élaboré en 1988 et toujours en vigueur aujourd’hui pour protéger la confidentialité d’environ 80% des communications mondiales passées sur les mobiles.

Un cryptage vieux de 21 ans dégommé sur le web

« Ca démontre simplement que la sécurité GSM est inadéquate », a affirmé Nohl, 28 ans, devant les 600 participants du Congrès du Chaos des Communications, une conférence de 4 jours qui a pris fin le mercredi 30 décembre à Berlin, et qui réunit la crème des hackers : « Nous essayons de convaincre les opérateurs d’améliorer les mesures de sécurité des communications sur les mobiles », a-t-il martelé à plusieurs reprises sous les applaudissements au cours de son intervention.

L’association GSM basée à Londres qui regroupe les opérateurs et est à l’origine de l’algorithme visé, a rapidement fait savoir que les actions menées par Nohl étaient illégales et qu’en plus, il surestimait considérablement les menaces pesant sur la sécurité des communications sans fil. On peut certainement leur faire confiance…

Pour toute réponse, le hacker a indiqué que le code de l’algorithme était disponible sur le Web, notamment par l’intermédiaire de fournisseurs comme Bit Torrentt, très prisé de ceux qui téléchargent de grosses quantités de données comme des films et de la musique. Il s’est toutefois refusé à indiquer un lien vers ledit code, de crainte des conséquences juridiques d’une telle confidence, même faite en guise de cadeau de Noël. Il a d’ailleurs laissé entendre que les références du site concerné s’étaient rapidement répandues de bouche à oreille au sein de la communauté des hackers.

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Les Sim

Dessin de Ray Clid

Ecoutez qui vous voulez

Simon Bransfield-Garth, directeur général de CellCrypt, également basée à Londres et fort mécontent de la nouvelle, y est bien entendu allé de son coup de griffe en indiquant que tout ce que Nohl allait réussir à faire, c’est de mettre la technologie sophistiquée d’interception des communications mobiles – jusqu’ici réservée aux gouvernements et aux agences de renseignement - à la portée de toute organisation criminelle disposant des ressources financières suffisantes : « Cela va réduire de quelques semaines à quelques heures, le temps nécessaire pour déchiffrer une communication GSM. Au train où vont les choses ça pourrait même se chiffrer rapidement en minutes » a-t-il affirmé au cours d’un entretien accordé à des journalistes qui l’interrogeaient sur la portée de la « découverte » de « l’expert » teuton.

Il a indiqué sur un ton qui dissimulait mal une grosse inquiétude pour l’avenir de son business, que les progrès dans la technologie de la surveillance mettaient aujourd’hui à disposition du public, notamment en Inde, des systèmes de surveillance des communications sans fil au prix ridicule de 1500 dollars.

Grincheux, il a ajouté : « des clients nous ont indiqué avoir perdu des affaires se chiffrant en dizaines de millions de dollars à cause de fuites au bénéfices de leurs concurrents, intervenues à la suite d’interception de communications ». Il a conclu en indiquant que « les interceptions de communications téléphoniques mobiles étaient beaucoup plus fréquentes que ce que l’on croit ». On s’en doutait. A ce prix là, c’est vrai que c’est simple comme un coup de fil…

2 novembre 2009

VOYAGE AU COEUR DES PASTEURS ET AUTRES EVANGELISTES AFRICAINS A PARIS

 

Grandes croisades à Paris :
Pasteurs, Prophètes et Apôtres africains

Billet publié le 07/09/2008

http://coulmont.com/blog/2008/09/

Château Rouge, à Paris (XVIIIe arr.), une centaine de mètres au nord de Barbès, est un quartier “africain” : quartier de résidence, et surtout quartier de commerce. Les commerces ethniques et les opérations de rénovation urbaine ont été étudiés à plusieurs reprises par des collègues sociologues, urbanistes ou anthropologues, et leurs travaux donnent d’intéressantes informations sur le contexte.

Mais ce qui peut frapper certains observateurs, lors d’un passage à Château Rouge, c’est la multitude d’affiches et de posters pour des “croisades”, des “prophètes” et des “miracles”. Dans l’espace délimité par quelques rues les publicités religieuses pour des églises africaines recouvrent les murs aveugles et les barrières de chantiers.
Sébastien Fath s’était déjà penché dessus, dans une série de photos intitulées Eglises africaines à Château Rouge, et je prends ici sa succession.







Ce que révèle la présence de ces affiches, c’est d’abord l’existence d’églises protestantes (évangéliques, pentecôtistes, indépendantes…) ou situées sur les franges extérieures du protestantisme, églises “africaines”, présentes en France, et intensément occupées à évangéliser. Eglises “noires” ou églises “africaines” ? Comme les églises antillaises ne seront pas abordées ici, je parlerai d’églises africaines (je ne sais d’ailleurs pas si le livre de Pap Ndiaye, La condition noire aborde les questions religieuses).

“Un fait majeur des mutations religieuses récentes”
Le foisonnement d’églises protestantes “d’expression africaine” dans la région parisienne est connu des sociologues des religions, mais n’a pas encore fait l’objet de beaucoup d’enquêtes spécifiques (si ce n’est aux frontières de la discipline, où intérêts pastoraux et intérêts scientifiques se croisent). Pourtant, une thèse sur ce sujet, qui mêle questions d’urbanisme (on va le voir), questions religieuses et le thème omniprésent du racisme et de la discrimination… une thèse sur le sujet aurait de grandes chances de trouver des financements [par exemple avec cette bourse]

C’est donc encore vers Sébastien Fath que l’on va se tourner : il fournit, dans quelques articles et dans une dizaines de pages fort synthétiques (dans Du ghetto au réseau. Le protestantisme évangélique en France (1800-2005)) un point d’entrée vers les dimensions sociologique du phénomène. Il écrit notamment, au sujet des “nombreuses Eglises africaines qui se sont développées depuis trente-cinq ans”, que “leur identité ethnique dresse parfois une frontière presque étanche avec l’univers religieux environnant. Généralement de type charismatique, elles opèrent suivant un régime d’oralité, porté par des pasteurs-prophètes qui revendiquent une expertise thérapeutique. Opérant bien souvent en large indépendance par rapport aux réseaux évangéliques déjà constitués, elles posent un vrai défi à l’observateur. Comment les repérer et les étudier?
Posons ici que la vingtaine d’affiches recueillies peut constituer une porte d’entrée vers un repérage et une étude. Cette méthode d’objectivation a une portée limitée, mais elle a un intérêt : photographier les affiches religieuses de Château-Rouge pendant une longue période (un an serait un minimum, pour avoir une idée des variations saisonnières) construirait des données uniformes. L’on passerait à côté des églises qui s’appuient sur des réseaux tribaux ou familiaux et qui ne font pas de publicité. L’on passerait aussi à côté des plus petites entreprises religieuses (même si des “demi-A4″ sont aussi affichés qui ne réclament pas beaucoup d’investissement).
Que voit-on si l’on lit ces affiches ?

Des indices d’une répartition inégale des capitaux
Qualité de la mise en page, taille et qualité du papier ou des photos donnent un indice, peut-être, de la richesse matérielle de l’église en question. Mention d’un site internet… Mais la fréquence des fautes d’orthographe est beaucoup plus discriminante et fournit un indice objectif (même si leur calcul oblige à un travail lent et peu agréable). L’absence de faute d’orthographe serait compris comme l’indication qu’un groupe au capital culturel plus élevé a contribué à l’affiche.

Une géographie des lieux de culte
Les affiches sont à Château-Rouge, mais les lieux de culte sont ailleurs. Un seul se trouve, rue Doudeauville, dans une salle de sport. Tous les autres se trouvent en banlieue. La carte ci-dessous (merci google maps !) montre la répartition spatiale des lieux de cultes mentionnés sur une petite trentaine d’affiches différentes :


Voir la carte plus détaillée

Les assemblées se tiennent en banlieue, mais pas n’importe où en banlieue. J’ai ici colorié en rouge la zone dans laquelle je m’attends à trouver d’autres lieux de cultes (lors de mes prochaines récoltes d’affiches).
- c’est dans les banlieues populaires et à forte présence immigrée que se réunissent ces églises : Saint Denis, Bobigny, Montreuil, etc…
- c’est souvent dans des zones industrielles, ou, Plaine Saint-Denis, dans des centres de réunion. L’Espace Labriche le dit explicitement : “Salles pour Cultes”. Ces églises sont jeunes, n’ont pas encore construit ou acheté leurs bâtiments : elles louent une salle pour quelques heures.
- Quand elles possèdent leurs bâtiments, ou qu’elles louent, depuis longtemps, une salle, cela peut donner lieu à des conflits locaux, comme à Montreuil en 2005 : le maire avait interrompu des cultes évangéliques [voir par exemple : "Montreuil: un pasteur dénonce une autre intervention du maire en plein culte", Agence France Presse, 11/02/2005 ; "La Fédération protestante de France annonce le dépôt d'une plainte contre le maire de Montreuil", Associated Press, 20/07/2005]

Les affiches se trouvent dans Paris intra muros et les lieux de culte en banlieue : l’idée se renforce que Château Rouge constitue un “hub” (un centre connecteur de différents réseaux), un lieu parcouru par des personnes des différentes villes de banlieue. Afficher à Château-Rouge, c’est espérer toucher toutes celles et tous ceux qui viennent y travailler ou y acheter.
Dans ce quartier (Château-Rouge / La Goutte d’Or), 36% des habitants sont nés à l’étranger (c’est le double de la proportion parisienne), et, depuis une vingtaine d’années, la multiplication de commerces africains en a fait — pour reprendre le titre d’un article — « une centralité africaine à Paris ». C’est la conséquence d’une augmentation de la population africaine à Paris, mais aussi en banlieue : Château-Rouge est un lieu de passage, où se retrouvent, pour acheter et vendre, des résidants de la petite ou grande couronne. Château Rouge, pour certains guides touristiques, c’est l’Afrique à Paris : “For the price of a subway ticket you are transported in the heart of Africa“.
Sophie Bouly de Lesdain le souligne : après les Maghrébins et les Asiatiques, “au cours des années quatre-vingt-dix, les Africains du sud du Sahara sont passés de l’autre côté de la caisse enregistreuse” (”Chateau-Rouge, une centralité africaine à Paris”, Ethnologie française, 1999, n°1, 86-99, aussi sur HAL-SHS.) De clients ils sont devenus commerçants.
Ces commerçants résident le plus souvent en banlieue : ils viennent travailler à Château-Rouge. Une partie des clients aussi (parfois même de plus loin) : le quartier devient un lieu de rencontre, de sociabilité. C’est ainsi que l’on peut comprendre comment “les associations ethniques liées à des communautés marchandes urbaines [contribuent] à fonder au centre de leur activité un espace religieux” (comme l’écrit Vasoodeven Vuddamalay dans un article des Annales de la Recherche Urbaine).

Pasteurs et institutions
Ces églises évangéliques africaines sont faiblement structurées : les pasteurs-prophètes sont souvent indépendants et les affiches mettent en scène l’autonomie. Il existe bien une “Communauté des Eglises Africaines en France” (CEAF, www.ceaf.fr) qui rassemble une quarantaine d’assemblées locales et qui tente de mettre de l’ordre, en insistant sur la formation théologique. Mais aucune des églises mentionnées dans les affiches recueillies ne semble en faire partie.
Une partie des pasteurs est constituée d’itinérants : en les cherchant sur internet, on les trouve prêcher à Bruxelles, Aix La Chapelle ou en Afrique. Les affiches mentionnent souvent leur origine nationale : le “Prophète Ithiel Dossou” est du Bénin, le “Rev DR Samuel Osaghae” est du Nigeria, l’”Evêque Pascal Mukuna” est de Kinshasa, et

L’Evangéliste Kiziamina est un serviteur de Dieu de renommé internationnal avec des dons particuliers des Miracles et Paroles de connaissance et prphétique, est également député en RDC [République démocratique du Congo]

Mais les origines sont aussi européennes : plusieurs affiches mentionnent des réunions de pasteurs venus de Belgique, de Hollande ou d’Allemagne. Sébastien Fath l’écrit : il faut comprendre la Plaine Saint Denis comme un espace religieux européen.

On peut estimer, à partir des affiches, l’âge des pasteurs : les cheveux blancs sont très rares. Il me semble que tous (sauf un) ont moins de 45 ou 50 ans. Les affiches sont peut-être le moyen utilisé par des pasteurs ayant commencé à étendre leur surface et leur réputation, mais dont la renommée a encore besoin du soutien d’une campagne.

Les femmes jouent un rôle mineur dans les affiches. Numériquement, elles ne représentent qu’une petite minorité des personnages photographiés. Symboliquement, elles sont épouses et accompagnent l’oeuvre de leur mari, même si leur accès au divin est similaire :
Jocelyne Goma est présentée ainsi sur le site internet de son église (qu’elle partage avec son mari) : “A l’âge de 20 ans, Jocelyne vit une expérience extraordinaire. A son domicile, un ange la visite et lui ordonne de se tourner en pureté et en vérité vers Jésus-Christ.
Rôle mineur, mais surtout, rôle banalisé. Le protestantisme évangélique n’est pas monosexe. La “Conférence des femmes” du CRC illustre cela (affiche non reproduite), ainsi que la présence de “Soeurs”, d’une pasteure ou d’une “maman présidente” dans d’autres affiches.

Il devient aussi possible d’estimer, à partir des titres revendiqués par les personnes photographiées sur les affiches, le type de charisme revendiqué (ainsi que la place dans une hiérarchie). Certains se présentent comme “Evêques”, c’est à dire comme des supérieurs hiérarchiques garants de la vérité de par la place qu’ils détiennent dans l’institution : leurs subalternes détiennent un “charisme de fonction”. D’autres se présentent comme “DR” ou “Dr”, docteurs, garants — car théologiens — de la vérité du message. Jean-Paul Willaime parle de “charisme idéologique” pour décrire le type de charisme disponible dans ce cadre où prime l’orthodoxie de la prédication (pour en savoir plus, lire son Sociologie du protestantisme en collection Que-Sais-Je-?) . D’autres, enfin et plus souvent, se présentent en tant que “prophètes”, interfaces entre Dieu faiseur de miracles et les hommes : l’indice pointe, ici, vers une église pentecôtiste.
La place sur l’affiche : en haut / en bas — dans un cartouche ou non ; la taille relative des têtes… donne une idée de la taille des personnes dans la “cité de l’inspiration” (pour boltanskiser un peu) : seul, en couple, en trio, muni de titres ou non, les personnages n’ont pas le même rôle ni le même poids. Les affiches sont peuplées d’un petit personnel religieux : chanteurs, “soeurs”, “frères” qu’il ne faudrait pas oublier.

Quels “produits” ?
Les “produits” proposés par ces entreprises religieuses montrent une “aptitude paradoxale à concilier individualisme et discours théocentré” (là encore, Fath, “Les protestants évangéliques français”, Etudes, 2005-4, p.351-361, disponible sur cairn.info). Cette aptitude se perçoit dans l’Evangile de la prospérité promu par certaines églises. La CRC écrit : “De nombreux chrétiens croient que leur bénédiction consiste à occuper un simple poste au sein d’une société, alors qu’en réalité, Dieu veut propulser au rang de Chef d’entreprise la plupart d’entre eux.
Des liens sont établis entre salut et santé physique : “L’Evangéliste Kiziamina” demande sur une affiche : “Amenez des malades, aveugles, possedés des esprits malins, … pour expérimenter la puissance du nom de Jésus-chrit dans nos vies“.
La pasteure Françoise Vangu (Flamme de Feu, une église récente de l’Entente congolaise des œuvres chrétiennes) organise une journée “Spéciale rentrée scolaire”.
D’autres proposent “délivrance”, “gloire, victoire et succès, guérisons et miracles”, mais toujours au nom de Jésus, et en provenance de Dieu (par l’intermédiaire du pasteur-prophète)

Prenons un peu de recul avec cette offre symbolique, et penchons-nous sur la forme des réunions religieuses, le cadre général. L’on remarque qu’il ne s’agit pas, dans ces affiches, des cultes hebdomadaires habituels. Les différentes affiches oscillent entre deux pôles. Les “croisades d’évangélisation” souvent mentionnées dans ces affiches sont la réunion de deux choses : la “croisade” d’un côté, une période d’activité intense, mais une période éphémère ; l’évangélisation de l’autre, qui a pour but ultime un changement d’identité, la conversion. Ce sont presque les deux types de religiosité mentionnés par Danièle Hervieu-Léger dans “Le Pèlerin et le converti

Elle y opposait la religiosité catholique du début du XXe siècle (celle qui avait en son centre la figure du pratiquant) à la religiosité contemporaine structurée autour de deux pôles : celle du
pèlerin (activité intense, mais pendant un temps donné), celle du converti (changement de vie, nouvelle identité…).

Pas seulement des “croisades d’évangélisation” – on y trouve aussi des propositions culturelles plus larges. Un pasteur propose ainsi une “conférence-débat” :

Grande conférence débat : La malédiction des Noirs, Mythe, Manipulation ou Réalité
Des siècles d’eslavages, des décennies de colonisation et d’apartheid, des populations entières qui croupissent sous le joug de la misère économique, des foyers de tension présents un peu partout sur le continent africain, l’Homme Noir semble condamné à être à la traîne.

Le point de départ est biblique (la malédiction de Cham), mais il semble qu’un agenda autre est proposé ici : pas un miracle ou une guérison, mais une édification par la “prise de conscience” d’une discrimination structurelle.

En étudiant les “itinéraires des églises évangéliques ethniques au sein de la société française”, Sébastien Fath distingue les “niches communautaires”, les “lieux d’intégration” et les “communautés transitionnelles”. Je ne suis pas certain de réussir à utiliser ces distinctions pour donner du sens à ces affiches. Mais certaines d’entre elles, c’est indéniable, jouent avec les symboles de la République : le “Bleu Blanc Rouge” me semble être utilisé bien trop souvent pour n’être que le résultat du hasard. De là à penser que ce qui se montre sur les affiches est — par clin d’oeil — une annonce de ce qui se joue dans les assemblées ou les églises, c’est un pas que je ne franchirai pas : les études ethnographiques sont sur ce point nécessaires.

En conclusion
J’ai essayé ici de me servir d’une série d’affiches recueillies au cours des trois dernières semaines comme données pour un premier travail d’objectivation. Il est trop tentant d’utiliser ces affiches comme simple illustration, en laissant de côté ce qu’elles disent (parfois malgré elles). Le va-et-vient entre les quelques textes sur les églises d’expression africaines et ces affiches me laisse penser qu’elles peuvent constituer le matériaux d’une petite recherche sociologique. Alain Chenu n’a-t-il pas, à partir d’un magazine, publié cette année dans la Revue française de sociologie une “Sociologie des couvertures de Paris-Match“.

Pour aller plus loin
Fath, Sébastien. Du ghetto au réseau. Le protestantisme évangélique en France (1800-2005), Genève, Labor et Fides, 2005
Fath, Sébastien. Les protestants évangéliques français, la corde raide d’un militantisme sans frontière, Etudes, 2005-4, 351-361
Bouly de Lesdain, Sophie. “Chateau-Rouge, une centralité africaine à Paris”, Ethnologie française, 1999, n°1, 86-99
Vuddamalay, Vasoodeven. “Commerces ethniques et espaces religieux dans la grande ville (PDF)“, Annales de la recherche urbaine, 2004, n°96
Entretien avec l’historien Afe Adogame, Religioscope
Fancello, Sandra. “Réveil de l’ethnicité akan et pentecôtisme ‘indigène’ en Europe“, Diversité urbaine, 2007-1, 51-67

Presse

  • Le Monde : “Les évangéliques, en plein essor, peinent à trouver des lieux de culte” (08/03/2007) ; “Les Eglises d’expression africaine se multiplient en banlieue parisienne” (08/05/2005) ; “Les Eglises afro-chrétiennes font de la France une terre d’évangélisation.” (03/01/2001) ; “Les Eglises protestantes d’expressions africaines ont fêté leurs quinze ans à Montreuil” (01/11/2005)
  • AFP : Le foisonnement des églises évangéliques “ethniques” (03/12/2004)
  • La Croix : “Des croyants aux marges de leurs Eglises” (30/01/2006)
  • Et, l’année prochaine, le colloque de l’association française de sociologie des religions, Dieu change en ville : religion, espace et immigration (2 et 3 février 2009)

    2 novembre 2009

    LES EGLISES NOIRES PROSPERENT GRACE A LA PAUVRETE

    decryptage La pauvreté, terrain fertile pour les églises noires d'Ile-de-France Par Baptiste Coulmont et Frédéric Dejean | Sociologue et géographe | 01/11/2009 | 18H19 * * * * * * * * * Devant l'église Charisma, à Saint-Denis (Audrey Cerdan/Rue89). Une affiche pour une "grande journée de délivrance" de l'église de la fraternité chrétienne du réveil (DR) Connues d'un petit nombre de spécialistes, des églises protestantes « d'expression africaine » ont émergé depuis une vingtaine d'années, pour représenter aujourd'hui probablement quelques centaines d'assemblées en région parisienne. Qualifiées parfois d'églises « ethniques » parce que leurs pasteurs sont originaires d'Afrique, et parfois des Antilles ou de Haïti, elles s'inscrivent dans un paysage protestant caractérisé, aujourd'hui, par la vitalité du courant évangélique dans toutes ses ramures (pentecôtistes…). L'œil distrait du flâneur dans le quartier de Barbès, à Paris, ou vers Saint-Ouen et Saint-Denis aura pu rencontrer des affiches mentionnant « croisades d'évangélisation » ou « trois grands jours de séminaire biblique ». Carte des églises noires et carte de la pauvreté se recouvrent Le recueil systématique de ces affiches révèle au sociologue et au géographe un paysage insoupçonné. Environ 80 affiches photographiées (et décollées) depuis un an environ donnent une idée de la géographie des églises africaines (ou « d'expression africaine », ou « afro-antillaises »…) de la région parisienne. En plaçant sur une carte les lieux de culte mentionnés sur les affiches, voici ce que l'on obtient. Chaque point rouge indique la localisation d'une salle ayant servi de bâtiment d'église. (Voir la carte) Carte des églises évangéliques africaines en Ile-de-France Les Parisiens et assimilés reconnaîtront une répartition familière : ces églises se trouvent principalement en Seine-Saint-Denis. Et il suffit de superposer cette carte avec une carte de l'inégale répartition des revenus pour faire apparaître une corrélation. Ainsi, dans la carte suivante, plus la zone est verte, plus les ménages riches sont surreprésentés, et plus la zone est rouge, plus les ménages pauvres sont surreprésentés. Elle est extraite de « Qu'apporte l'échelon infracommunal à la carte des inégalités de richesse en Ile-de-France de Jean-Christophe François et Antonine Ribardière. (Voir la carte) Carte des inégalités de richesse et des "églises noires" en Ile-de-France Une affiche devant l'église de Pentecôte de France, Saint-Denis (Audrey Cerdan/Rue89)Les églises africaines ne sont pas installées partout. Et quand les services religieux ont lieu dans les départements plus riches (comme les Hauts-de-Seine), c'est dans les communes pauvres de ces départements. Mais cette réalité religieuse est au quotidien largement invisible. D'abord parce que ces églises sont des plus “ précaires ” : elles sont installées dans des friches urbaines, à la frontières de zones industrielles et commerciales, elles investissent d'anciens hangars reconvertis ou louent des salles collectives d'hôtels “premiers prix ”. Lles communautés sans local, “ églises SDF ” louent, elles, d'une semaine sur l'autre, ce qu'elles peuvent se payer. Cette invisibilité est telle que le chercheur doit improviser pour localiser les lieux de culte dans l'espace urbain. Pour trouver le lieu de culte, repérer les personnes endimanchées Pas question de faire une recherche sur les pages jaunes, il n'y a souvent pas de ligne fixe. La meilleure solution reste alors de se poster le dimanche matin dans une gare RER du nord de l'agglomération parisienne, de repérer des personnes “ endimanchées ”, une bible à la main. On est alors tout étonné d'entrer dans une salle où quelques éléments-clé (un pupitre, des fleurs, des rideaux, et surtout une sono) métamorphosent un vulgaire hangar en un lieu de culte. Devant l'église de Pentecôte de France, à Saint-Denis (Audrey Cerdan/Rue89). Eglises indépendantes, elles ne sont pas dotées de représentants collectifs : les pouvoirs publics n'arrivent pas à cerner ces acteurs évangéliques, et donc à les accompagner dans la recherche de locaux et de terrains, comme ce peut être fait pour l'islam. Réalité invisible aussi parce que ce sont des églises facilement qualifiées d'églises “ noires ” : ce sont des assemblées homogènes, le plus souvent de petite taille, qui vont rassembler par interconnaissance des immigrés structurellement récents (l'immigration en provenance d'Afrique sub-saharienne). Des immigrés à la situation parfois précaire et incertaine. Elles font peut-être un travail invisible d'insertion, en fonctionnant comme réseau social “ clé en main ” d'entraide possible. Et un travail invisible d'inculcation des normes néolibérales : “Jésus a pour vous un dessein… que vous deveniez PDG.” ► Le Christianisme du Sud à l'épreuve de l'Europe - numéro spécial des Archives de sciences sociales des religions - n°143 - juillet-septembre 2008. Photos et illustrations : devant l'église de Pentecôte de France à Saint-Denis (Audrey Cerdan/Rue89), une affiche pour une “grande journée de délivrance” de l'église de la fraternité chrétienne du réveil (DR), la carte des églises évangéliques africaines en Ile-de-France et la même, superposée à celle des inégalités de richesse (Les Disparités des revenus des ménages franciliens en 1999 J. C. François, H. Mathian, A. Ribardiere, T. Saint-Julien, UMR, Géographie-cités, Etude pilotée par P. Rohaut, DUSD, DREIF, 2003), une affiche devant l'église de Pentecôte de France, à Saint-Denis et les locaux de l'église Charisma, à Saint-Denis (Audrey Cerdan/Rue89).
    27 octobre 2009

    TAXE CARBONNE: L'EXEMPLE SUEDOIS

    Taxe carbone : ce que la France doit apprendre de la Suède

       

    Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 27/10/2009 | 10H38

       

       

    Le pays a adopté une fiscalité pénalisant les émissions de C02 en 1990. Elles ont baissé de 9% et le PIB a crû de 48%.

    Dans une forêt suédoise (Ollie Crafford/Flickr)

    Ce qui frappe quand on regarde la Suède, le pays qui préside l'Union européenne jusqu'à la fin de l'année, c'est que l'écologie n'est pas vue comme une punition (« tu paieras plus cher ton chauffage », « tu éviteras de prendre ta voiture », « tu voyageras moins en avion »…) mais comme une chance de continuer à accéder aux forêts qui couvrent 75% du territoire et de transmettre aux générations futures une nature pas irrémédiablement abîmée.

    Chaque adulte suédois paie 360 euros par an de taxe carbone… et le pire, c'est qu'ils en seraient presque fiers, alors que c'est environ cinq fois plus que ce que paiera chaque Français. Chez nous, il fallait absolument éviter que la mesure ne soit vue comme un fardeau fiscal ou un moyen pour l'Etat de combler son déficit : les ménages toucheront donc un « chèque vert ».

    Deux chiffres relevés dans la présentation faite aux journalistes la semaine dernière à l'ambassade de Suède à Paris résument tout :

    • Les émissions de CO2 ont diminué de 9% entre 1990 et 2007, tandis que la croissance économique faisait un bond de 48%. Sans cette taxe, les rejets de CO2 auraient augmenté de 20% entre 1990 et 2010, selon la Suède.
    • Un tiers des énergies consommées dans le pays sont renouvelables, notamment au profit des biocarburants de deuxième génération (incorporant beaucoup de déchets forestiers).

    La Suède, avec des marques mondiales comme Volvo, Saab, Ericsson ou Ikea a misé sur la recherche et développement et a fait de sa conversion écologique une occasion de gagner en compétitivité. Ainsi, pour rendre acceptable la taxe CO2, le pays a misé sur deux pistes :

    • Une baisse des taxes sur le travail pour ne pas pénaliser les entreprises.
    • Une incitation massive à investir dans les énergies moins polluantes.

    « Un chauffage au fioul, c'est une pièce de musée »

    Les résultats sont là : en Suède, « si on trouve un chauffage au fioul dans une cave, c'est une pièce de musée », rapporte un conseiller de l'ambassade, « pourtant toutes les maisons en étaient équipées autrefois ». Autrefois, c'était seulement il y a vingt ans.

    Grâce aux aides de l'Etat, et parce qu'ils anticipaient une hausse des prix des énergies fossiles, les agents économiques ont investi dans des chauffages modernes et écolos. En France, l'éco-prêt à taux zéro permet de réaliser des travaux de rénovation thermique, jusqu'à 30 000 euros. Quelques 50 000 de ces prêts ont déjà été signés, mais les convecteurs électriques dans les années 70 ont envahi les logements neufs depuis des décennies (entre autres pour encourager le recours au nucléaire).

    Officiellement, l'ambassade de Suède voulait encourager le reste de l'Europe en répétant que la taxe française est « un bon début ». Or il y a de grandes chances que la taxe carbone à la française, en l'état, ne change pas grand chose à nos comportements. Pour deux raisons :

    • Le faible niveau de départ : la taxe carbone à la française démarre à 17 euros la tonne de CO2, alors que la commission Rocard avait souhaité 32 euros. Le Parlement l'a rappelé lors de son débat : l'objectif est d'atteindre 100 euros la tonne en 2030.

      La comparaison parle d'elle-même : en 1991 la Suède décidait de mette la tonne de CO2 à 27 euros pour les ménages, et elle est déjà à 108 euros en 2009. Pour les entreprises, elle est passée de 7 à 23 euros. La « contribution climat énergie » comme il faudrait l'appeler pèse ainsi 4 centimes par litre d'essence, contre 31 centimes en Suède.

    • L'absence de visibilité pour anticiper ses choix : si la France évoque un « objectif » pour 2030, rien ne dit que les gouvernements futurs augmenteront le taux. « Ce qui compte, c'est de commencer », insiste l'ambassade de Suède.

      Sauf qu'en Suède, le montant des augmentations jusqu'en 2015 est déjà connu des entreprises. Le débat avait d'ailleurs démarré dès 1987, quatre ans avant la mise en oeuvre de la taxe, et non six mois comme chez nous.

    Lors de la réunion des ministres des Finances à Göteborg début octobre, les Suédois ont insisté pour faire passer l'idée d'une taxe carbone européenne. Si l'exemple français est « un bon signe », en aparté, les conseillers de l'ambassade s'avouent « un peu déçus » de la tournure passionnelle qu'a pris le débat.

    Mis à jour le 28/10 à 16h17, après l'annonce par le gouvernement du nombre de prêts à taux zéro signées (50 000 et non 25 000 comme indiqué initialement).

    Photo : une forêt suédoise (Ollie Crafoord/Flickr)

       

    27 octobre 2009

    ISARAEL ET SES ALLIES ISLAMISTES PALESTINIENS

    document Quand Israël pensait que les islamistes étaient ses alliés Par Pierre Haski | Rue89 | 25/10/2009 | 18H04 C'est l'histoire d'un « grand aveuglement » historique lourd de conséquences. Le journaliste Charles Enderlin raconte dans un nouveau livre l'histoire des liaisons dangereuses entre Israël et « l'irrésistible ascension de l'islam radical » palestinien : un fait connu, mais auquel il apporte des témoignages et des documents montrant comment l'Etat hébreu a laissé grandir son pire ennemi d'aujourd'hui. Edifiant. Le principe est vieux comme le monde : les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Depuis sa conquête des territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza en juin 1967, Israël a initialement considéré que son ennemi principal était la mouvance nationaliste palestinienne sous toutes ses formes, nationaliste arabe classique à la manière de Yasser Arafat et du Fatah, ou néo-marxiste façon Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) de George Habache. Pour mieux s'opposer à ces mouvements regroupés au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), les gouvernements successifs d'Israël et ses responsables militaires pourtant en première ligne sur le terrain de la confrontation, n'ont pas vu émerger le danger islamiste, et ont au contraire encouragé ce courant pour mieux diviser les Palestiniens et contrer les nationalistes. Cette erreur a un prix lourd : Israël a conclu en 1993 un accord de reconnaissance réciproque avec Yasser Arafat et, malgré les échecs et les déboires du processus de paix, n'a jamais remis en cause cette relation ; Alors que le Hamas, aujourd'hui en contrôle de la bande de Gaza, n'a jamais accepté de reconnaître l'Etat hébreu dont il est devenu le principal ennemi, comme l'a montré la guerre de janvier dernier. L'occupation fait le lit du Hamas Conclusion de Charles Enderlin : « Les décennies d'occupation ont fait le lit du Hamas. » Pourquoi raconter cette histoire maintenant ? Charles Enderlin, correspondant de France2 à Jérusalem et auteur de plusieurs ouvrages aux occasions manquées de la paix au Proche Orient et aux impasses des processus de paix israélo-palestiniens, répond. (Ecouter le son) Pour être tout à fait honnête, l'erreur d'Israël est largement partagée dans le monde. Dans les années 70, nombreux ont été les régimes qui ont encouragé les forces religieuses pour s'opposer aux « marxistes », avant de réaliser qu'ils avaient permis la naissance d'ennemis implacables. Des campus marocains aux faubourgs du Caire et d'Islamabad, le scénario a été le même. C'est en Afghanistan et au Pakistan que cette politique a été poussée à son paroxysme, avec l'appui de la CIA américaine aux courants islamistes les plus radicaux pour s'opposer à l'armée soviétique engagée au côté du régime de Kaboul. Pour voir apparaître, dans les années suivantes, des ennemis déterminés de l'Amérique, et en particulier Al Qaeda et Oussama Ben Laden. (Ecouter le son) Dans le cas d'Israël, Charles Enderlin montre bien que l'aveuglement ne fut pas total. Les quelques voix qui ont tenté d'alerter les responsables politiques ont été marginalisées et n'ont pas été prises au sérieux. A l'image de Avner Cohen, responsable des Affaires religieuses à Gaza pendant vingt ans, qui a mis en garde contre le radicalisme religieux du Cheikh Ahmed Yassine, le fondateur du Hamas. Ou du général israélien Yitzhak Segev, gouverneur militaire de Gaza en 1979, qui tente d'alerter ses supérieurs sur le danger, sans être entendu. (Ecouter le son) Cette erreur historique est d'autant plus grave, du point de vue d'Israël, que, pour Charles Enderlin, l'hypothèse d'un accord de paix, un jour, entre l'Etat hébreu et le Hamas est irréaliste. (Ecouter le son) Le plus troublant, dans ce récit, est le parallélisme qu'établit Charles Enderlin entre « le grand aveuglement » d'Israël qui donne son titre au livre, et la montée du sentiment religieux en Israël, et l'émergence d'un courant de pensée « néosioniste » qui veut remettre la religion au coeur de l'identité de l'Etat hébreu. Religieux vs religieux ? Un scénario qui rend une solution pacifique plus insaisissable encore. Le livre ne répond pas à cette question, mais en fournit la trame inquiétante. ► Le grand aveuglement - par Charles Enderlin - Albin Miche - 378 p. 20,90€.
    14 octobre 2009

    VOUS POUVEZ ETRE UN FRANCAIS A DUREE DETERMINEE !

    Tatiana de Rosnay rejoint les radiés de la Nation

                             
          

     

    Une administration tatillonne prive de passeport des Français de plein droit. Témoignage de la romancière Tatiana de Rosnay.

    L'écrivaine Tatiana de Rosnay en octobre 2009 (Audrey Cerdan/Rue89).

    Il y a l'exemple de Marlene S., révélé par Marianne en juillet. Il y a l'exemple du para français Ounoussou Guissé, révélé lundi par Libération. Il y a des exemples de plus en plus nombreux. Comme celui Tatiana de Rosnay. Car, depuis que la famille Ionesco trouva refuge en France, l'absurde est aussi une valeur nationale.

    La France, pays de Ionesco et d'Hortefeux

    Pensez donc. Une « de ». Un père (Joël de Rosnay), scientifique de renommée mondiale et décoré de la Légion d'honneur. Un patronyme célèbre. Une naissance à Neuilly-sur-Seine. Une carrière de romancière et de reporter connue et primée, une vie tranquille à Paris avec époux et deux grands enfants. A priori, Tatiana de Rosnay n'a de problèmes ni dans la vie ni dans les papiers.

    Mais l'absurde, c'est pour tout le monde. La loi, pareil. D'ailleurs, c'est la première chose que dit Tatiana de Rosnay :

    « Ce qui m'arrive peut arriver à tout le monde. Mon cas touche de plus en plus de gens, sans que cela se sache. »

    Tatiana de Rosnay est née en 1961. Son père est un Français né à l'île Maurice. Sa mère est une Anglaise née à Rome. Devenue Française lors du mariage en 1959, à Paris. Les deux grands-parents maternels sont Anglais. Le grand-père paternel est un Français lui aussi né à Maurice, la grand-mère maternelle est une Russe devenue elle aussi Française par mariage.

    Du principe de réalité…

    Tout a commencé fin septembre, lorsqu'elle se rend à la mairie du XIVe arrondissement, pour renouveler son passeport afin de partir aux Etats-Unis. Et assister au tournage du film tiré de son roman « Elle s'appelait Sarah », où joue entre autre Kirstin Scott Thomas.

    Elle se alors voit répondre qu'il lui faut faire une demande de certificat de nationalité. Elle qui est née en France, de parents français. Qui a toujours eu une carte d« identité française. Et pour qui un passeport a toujours été une formalité.

    “ On m'a dit que, selon les nouvelles lois, toute personne née en France de parents français, mais nés à l'étranger, doit prouver sa nationalité. ”

    Selon de mystérieuses nouvelles lois, elle n'avait jamais été “ bien française ”. Puisque son père est né sur l'île Maurice, et que sa mère n'est devenue Française que par mariage.

    “ Je signale alors que mon mari, lui, est Français. On me répond que mon mariage est trop récent (1987) pour que j'aie pu être Française en me mariant. Et on me demande si tout le monde est ‘ bien Français ’ du côté de mon mari. ”

    Quand elle demande si les services municipaux peuvent au moins enregistrer sa demande, on lui rétorque que, “ de toute façon, la demande passera avec une alerte car il y a un doute sur votre nationalité française ”. Doute, alerte. Doute. Alerte. Malaise.

    …aux questions de formalités

    On lui indique alors qu'elle doit prendre rendez-vous au tout récent Pôle de la nationalité française, nouvelle entité qui regroupe l'ensemble des services de la nationalité depuis le décret n° 2009-561 du 19 mai 2009.

    Atterrée, elle se résout à s'y rendre. Car il faut y aller pour se voir remettre… une liste de documents à fournir avant de revenir. Une liste dingue, qui remonte sur deux générations, et qui en plus “ n'est pas limitative ”.

    Après Ionesco, Kafka.

    Une romancière qui a travaillé sur la rafle du Vel d'Hiv

    On demande à Tatiana de Rosnay de prouver qu'elle n'est pas étrangère. Inique. On demande cela à quelqu'un dont le plus gros succès est “ Elle s'appelait Sarah ”. Un très beau roman qui évoque la rafle du Vel d'Hiv et l'étoile jaune. Et ces Français non-juifs qui ont caché des Juifs, et durent pour échapper à la mort, prouver qu'ils ne l'étaient pas. Ironique. Inique.

    Le ministère de la Justice s'appuie sur l'article 30 du Code Civil :

    “ La charge de la preuve en matière de nationalité française incombe à celui dont la nationalité est en cause. ”

    Mais voilà, cet article est immédiatement contredit par son alinéa 2 :

    “ Néanmoins, lorsque la nationalité française ne peut avoir sa source que dans la filiation, elle est tenue pour établie, sauf la preuve contraire si l'intéressé et celui de ses père et mère qui a été susceptible de la lui transmettre ont joui d'une façon constante de la possession d'état de Français. ”

    Zone floue.

    La spirale

    Dans les faits, l'administration est dans son droit : longtemps, montrer ses papiers français suffisait à prouver qu'on avait la nationalité, et le renouvellement d'un passeport était facile. Mais, depuis les lois Pasqua et la carte d'identité informatisée, l'administration a donné de sérieux tours de vis.

    Les situations observées récemment sont “ dans la logique de la politique actuelle ”, témoigne Lilia Mhissen, avocate spécialiste du droit des étrangers, “ cela revient à faire du ménage ”. “ Le problème, poursuit-elle, c'est qu'en France la loi n'est pas rétroactive. Même si de nouveaux textes sont en vigueur depuis 1993. ”

    On n'avait jamais demandé à Tatiana de Rosnay le moindre certificat de nationalité. Elle aurait pu avoir à fournir un certificat lors de sa première demande post-lois Pasqua. Or, en 1996, lorsqu'elle a fait renouveler son passeport, on ne lui a rien demandé. Aujourd'hui, si.

    “ Quand on te demande ainsi de prouver ton identité, c'est de toute ta vie qu'on te rend comptable ”, conclue-t-elle. Certes, ses enfants sont à l'abri. Certes, elle sait très bien qu'elle rentrera dans ses droits.

    “ Mais ça va mettre deux mois, et je ne peux pas aller aux Etats-Unis. Et je ne suis pas le seul auteur concerné par ces nouvelles lois. Et mon cas est très banal ! ”

    Au fait : le dernier roman en date de Tatiana de Rosnay, “ Boomerang ” (Ed. Héloïse d'Ormesson), est une histoire de passé qui revient en pleine tronche. Si, si.

    Photo : l'écrivaine Tatiana de Rosnay en octobre 2009 (Audrey Cerdan/Rue89).

       
    21 septembre 2009

    L'AFFAIRE CLEARSTREAM EXPLIQUEE AUX NULS !

    Clearstream pour ceux qui ont oublié le début (et pour les nuls)

                               

          

          

       

           

    Il était une fois un informaticien, un corbeau, un ex-Premier ministre, un Président et Laetitia Casta : affaire d'Etat, mode d'emploi.

    Photos : Nicolas Sarkozy en avril 2007 et Dominique de Villepin en mars 2007 (Reuters)

    Le procès de l'affaire Clearstream débute lundi à Paris. Avec quelques stars en tête d'affiche : Nicolas Sarkozy qui accuse, Dominique de Villepin qui se défend, et une brochette de personnages plus fous encore, et parfois plus incongrus (on y croise même Laetitia Casta).

    A leur décharge, il est difficile de se plonger dans les méandres de cette affaire sans le devenir (fou). Pour ceux qui préfèrent rester sains d'esprit et avoir une vision à peu près claire de l'affaire, il est temps de lire cet « explicateur ».

    1Le coeur de l'affaire : une fausse liste de corrompus

    Une liste de personnes, prétendument sortie des fichiers informatiques de l'établissement financier luxembourgeois Clearstream, a été transmise à la justice par une lettre anonyme au printemps 2004. Il y en aura d'autres : en tout, six courriers de ce type.

    « Je vous écris pour vous informer de l'existence d'un groupe mafieux », commence la lettre adressée au juge Renaud Van Ruymbeke. Selon ce « corbeau », des personnalités françaises, en cheville avec des oligarques russes, seraient rémunérées pour faciliter le blanchiment d'argent sale, à travers des comptes occultes de Clearstream.

    Ce club de mafieux serait, toujours selon le corbeau, responsable de la mort de Jean-Luc Lagardère, ancien patron de Matra, entreprise intégrée depuis dans EADS, le grand groupe aéronautique.

    Les Français auraient reçu, sur ces comptes bancaires, des « rétrocommissions » (ou pots de vin) pour la vente de frégates à Taïwan en 1991.

    La liste, envoyée en mai, est complétée dans une seconde lettre en juin 2004 et des CD-Rom. Près de 900 comptes bancaires sont signalés. Y figurent les noms de personnalités très connues :

     

    • Nicolas Sarkozy, alors ministre des Finances. Plus précisément, les noms de « Paul Nagy » et « Stéphane de Bosca » apparaissent, référence au patronyme complet « Nicolas Sarkozy de Nagy-Bocsa »
    • Brice Hortefeux
    • Jean-Pierre Chevènement
    • Dominique Strauss-Kahn
    • Alain Minc (consultant)
    • Edwy Plenel (alors au Monde)
    • Laurent Fabius
    • Alain Madelin
    • Philippe Delmas, vice-président d'EADS
    • Alain Gomez, ancien président de Thomson-CSF
    • Alizée, chanteuse
    • Laetitia Casta, actrice

    Toutes ces personnalités se sont interrogées sur la présence de leur nom dans ces listings.

    La manipulation est découverte, reste à trouver les auteurs

    Le juge Van Ruymbeke enquête, mais se rend bientôt compte qu'il s'agit d'une manipulation. Dès l'automne 2004, il a des doutes. Il finit par s'apercevoir que les noms de personnalités ont été rajoutés, parfois grossièrement, aux listes de Clearstream.

    Qui a fabriqué ces faux listings, basés sur un document authentique de la banque ? Une nouvelle enquête est ouverte, dès juillet 2004, après le dépôt d'une plainte pour dénonciation calomnieuse par certaines des personnalités visées. Elle est confiée aux juges Jean-Marie d'Huy et Henri Pons. Le procès de cette semaine en est l'aboutissement.

    L'affaire devient alors publique : c'est Le Point qui la révèle. Mais à ce moment et jusqu'à le fin 2005, la situation reste floue. Au printemps 2006, des investigations menées en Italie apportent la preuve que les listes sont des faux, et Nicolas Sarkozy se décide à porter plainte.

    « Un jour, je finirai par retrouver le salopard qui a monté cette affaire et il finira sur un crochet de boucher », aurait déclaré Nicolas Sarkozy, selon Franz-Olivier Giesbert (« La Tragédie du Président », 2006).

    La suite : le contexte, avec l'affaire Clearstream 1 et les frégates de Taïwan

    Photos : Nicolas Sarkozy en avril 2007 et Dominique de Villepin en mars 2007 (Reuters)

    18 septembre 2009

    NON A L'EPISIOTOMIE SYSTEMETIQUE !

    LUTTES

    Ces femmes qui saignent du née

    allo maman bobo / vendredi 18 septembre par Lucie Delaporte

                   

           

    Le Groupe radical des excitées de la naissance naturelle et les Périnées Méfiants partent en guerre contre la pratique systématique de l’épisiotomie. Explications.

    Prix littéraires, prix de Formule 1, l’actualité regorge de ces innombrables, et souvent vains, micro-événements. Dans ce déluge de médailles, il est une distinction qui risque, bien à tort, de passer totalement inaperçue. La maternité du CHU de Besançon vient en effet de recevoir, a-t-on appris de sources proches du dossier, le « Prix spécial de l’Association des Périnées Méfiants » pour avoir fait baisser à 3,4 % le taux d’épisiotomie.

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    © Oliv’

    Pour les béotiens, l’épisiotomie consiste à ouvrir le périnée lors de l’accouchement afin de favoriser le passage de l’enfant. Une intervention qui n’est pas sans conséquence pour les femmes mais, disons, que jusque-là tout le monde s’en fichait un peu. Au menu des complications possibles (âmes sensibles s’abstenir) : douleurs post-partum, troubles de la défécation, relations sexuelles perturbées parce que douloureuses ou « parce que du tissu érectile de la vulve a été remplacé par du tissu cicatriciel » nous explique Wikipedia. En clair, l’épisiotomie, c’est pas la joie. Et c’est pourtant pratiqué dans près de la moitié des accouchements (47% en 2003). Pour certains médecins et sage-femmes, de moins en moins nombreux, elle reste un moyen efficace et sûr pour favoriser l’expulsion du bébé. Or malgré un recul constant, « le système de tarification à l’acte risque de renforcer cette pratique dans les cliniques privées » souligne une sage-femme de l’hôpital Beaujon.

    En juillet dernier, une patiente qui avait tenté un recours contre son médecin pour lui avoir pratiqué une épisiotomie sans son consentement a vu sa demande rejetée par la chambre disciplinaire de l’ordre des médecins de Haute-Normandie.

    Méprisés, oubliés, niés, les périnées ont donc peut-être enfin trouvé leur porte-parole par le biais du Groupe radical des excitées de la naissance naturelle(GRENN) à l’origine de ce prix.

    16 septembre 2009

    ILS ONT OSE DECLARER CASTER SEMENYA "HERMAPHRODITE"

    Ces mystérieux tests qui font de Semenya une « hermaphrodite »

                               

          

          

       

       

       

    Dessin de Jul

    Le cas de Caster Semenya, championne du monde du 800 mètres féminin, n'a pas fini de faire débat. On apprend cette semaine que le rapport médical rédigé après les tests de féminité pratiqués sur l'athlète sud-africaine la qualifient d'hermaphrodite. Difficile pourtant de savoir en quoi consistent précisément ces tests.

    JUL INVITÉ DE RUE89
    à l'occasion de la sortie
    de « Silex and the City »,
    éd. Dargaud, 13,50€.

    Pour le savoir, j'ai contacté par mail la Fédération française d'athlétisme, mais sans succès. Sur le Net, impossible d'obtenir d'informations précises sur le sujet -mais peut-être aurez-vous plus de chance que moi.

    Il est vrai qu'en divulguant la procédure, les instances sportives devraient officialiser les critères retenus pour distinguer les « vraies femmes » des « vrais hommes ».

    « On peut deviner qu'il s'agit de tests sanguins, chromosomiques et gynécologiques »

    Anaïs Bohuon, docteure en histoire du sport et qui prépare actuellement un livre sur l'histoire des tests de féminité dans le sport, décrypte pour Rue69 ce silence :

    « C'est sur cette difficulté à obtenir l'information qu'il faut à mon sens s'interroger. A l'heure actuelle, l'Association internationale des fédérations d'athlétisme (IAAF) mais également l'association du tennis féminin (WTA) refusent de communiquer sur les tests qu'ils imposent aux athlètes.

    Ça laisse songeur… même si on peut deviner que ce sont des tests sanguins, chromosomiques et gynécologiques qui sont imposés. C'est ce que certains médias, comme le quotidien australien Sydney Morning Herald par exemple, annoncent.

    Information à prendre toute de même avec grande précaution, car on ne sait pas d'où ils sortent cela… »

    Pas une athlète comme les autres, Caster ? Usain Bolt non plus !

    Dans cette affaire, on parle souvent de « suspicion visuelle », manière de dire que Caster Semenya ne correspond pas aux canons de la féminité : grâce, souplesse, finesse…

    Elodie Guégan, finaliste du 800 mètres qui a couru aux côtés de Caster Semenya, n'hésite pas à parler sur le site de la Fédération française d'athlétisme de « créature » :

    « Sa musculature, son visage et son allure générale génèrent de nombreux doutes sur sa féminité et donc sa légitimité à courir. »

    Caster n'est pas une athlète comme les autres, ce qui chagrine ses concurrentes… Usain Bolt, la superstar de l'athlétisme masculin qui explose le record du 100 mètres à chaque course, n'est lui non plus pas comme les autres. Son anatomie, ses qualités biomécaniques hors normes lui confèrent aussi un avantage sur les autres athlètes.

    « Caster Semenya aurait des testicules intra-abdominaux »

    Mais là, on ne met pas en doute sa légitimité à courir avec les autres. Ses foulées graciles pourraient-elles poser question ? Il est vrai qu'on ne met pas en doute sa masculinité d'autant que les tests de masculinité n'existent pas… Anaïs Bohuon, sur Mediapart, poursuit cette analyse :

    « Caster Semenya présenterait des organes sexuels à la fois masculins et féminins. D'après les rapports médicaux, elle aurait des testicules intra-abdominaux qui produisent d'importantes quantités de testostérone.

    Doit-on disqualifier les athlètes exceptionnelles, parce qu'elles ne se conforment pas à la moyenne, à la norme ? La véritable question se pose en réalité en ces termes : comment légiférer sur un critère si subjectif que l'avantage physique ?

    Le sport est par essence générateur et révélateur d'inégalités : de talents, de capacités physiques, morphologiques… »

    Dans un premier temps, la tonalité dans les médias a souvent été celle de la tricherie : un homme se serait fait passer pour une femme. Le porte-parole de l'IAAF, Nick Davies, cité par le Sydney Morning Herald, dit tout autre chose :

    « Il s'agit d'un problème médical et non pas d'un cas de dopage où elle aurait triché délibérément. Les résultats de ces tests ne peuvent laisser supposer une quelconque entorse à la règle.

    Ils tendent en revanche à accréditer l'hypothèse selon laquelle Semenya bénéficierait d'un avantage médical indéniable sur ses rivales. Il n'y a pas d'annulation automatique des résultats dans un cas comme celui-là. »

    « Ils ne parviennent pas à établir ce que c'est qu'une “vraie femme” »

    L'IAAF doit rendre son verdict le 20 novembre, lors de son comité exécutif. Quel avenir sportif pour Caster Semenya ? Anaïs Bohuon m'explique par email :

    « Ils vont probablement délivrer également une médaille d'or à l'athlète qui a terminé deuxième derrière Caster Semenya. Cette décision serait inadmissible, du fait que par là, la victoire de Caster est implicitement ou explicitement remise en cause.

    Ils ne peuvent pas la disqualifier : ils ne parviennent à établir une vraie définition de ce que doit être une “vraie femme” autorisée à concourir chez les femmes. Ce qui risque de se passer néanmoins, comme dans l'histoire, c'est de ne plus revoir Caster Semenya sur la scène sportive…

    Elle risque d'être progressivement extrêmement marginalisée au sein de sa fédération… ou d'elle-même, après cet immense traumatisme, s'exclure…

    Si elle présente une résistance aux androgènes, elle sera autorisée à concourir : par le passé, des athlètes ont présenté cette résistance et ont été autorisées à concourir par la suite. »

    Rien n'a vraiment changé depuis le dernier cas médiatisé, celui de Santhi Soundarajan, médaillée d'argent du 800 mètres aux Jeux panasiatiques de 2006 et disqualifiée pour avoir failli aux tests de féminité. Elle finira par tomber en dépression et faire une tentative de suicide…

    Sera-t-on confronté au même climat de suspicion tant que le public ne sera pas mieux informé sur les intersexes ? Intégrer l'idée qu'il y a un continuum entre hommes et femmes, et que la limite entre les deux est une chose parfois subjective, n'est pas facile pour tout le monde.

    Comment l'expliquer à ma mère, quand elle dit « y'a qu'à soulever sa jupe, et on voit si elle a un kiki » ?

       

    15 septembre 2009

    LE LAVANI, UNE DANSE EROTICO-COQUINE INDIENNE....

    A Bombay, les belles du lavani dansent pour se faire siffler

                               

          

          

       

       

       

    Dessin de Jul

    (De Bombay) Longtemps condamné pour son immoralité, puis lentement abandonné, le lavani vit une seconde jeunesse à Bombay. Cette danse suggestive née il y a trois siècles au Maharashtra fait salle comble lors de grands spectacles appelés les « banner shows ».

    Exemple ce dimanche après-midi à Dadar, dans un quartier résidentiel de Bombay. Le grand auditorium Ravindra Natya Mandir est plein à craquer. Les spectateurs debout sur les côtés, les autres assis dans les travées, et les chanceux qui ont une place assise, tous gardent les yeux rivés sur le rideau qui va bientôt s'ouvrir.

    Ils sont venus pour un banner show, un spectacle de lavani, une danse indienne (basée sur les pas du kathak) où les femmes roulent lascivement des hanches sur des chansons aux paroles coquines, devant un public exclusivement masculin. Dans la culture indienne volontiers puritaine, cet art érotique est une véritable rareté.

    « Des chansons à double sens »

    L'origine du lavani remonte au règne de la dynastie marathe des Peshwa, au XVIIIe siècle. Après un âge d'or autour du XIXe siècle, il tombe en désuétude. Bhushan Korgaonkar, producteur d'un documentaire sur le sujet intitulé « Natale Tumchyasati », explique :

    « S'il a toujours continué d'exister dans les campagnes du Maharashtra, dans les années 50, le lavani avait en revanche pratiquement disparu des villes, jusqu'à ce qu'un réalisateur marathi, Dada Kondke, le popularise à nouveau avec ses chansons à doublesens. »

    JUL INVITÉ DE RUE89
    à l'occasion de la sortie
    de « Silex and the City »,
    éd. Dargaud, 13,50€.

    Aujourd'hui, comme l'attestent les sifflets qui accueillent Akanska, la première des huit danseuses à se produire sur scène, l'art le plus sensuel de la culture marathe est bien vivant.

    Dans le milieu du lavani, Akanksha Kadam est une star. « Les nouvelles arrivantes se sont mises à copier son style », assure Bhushan Korgaonkar.

    La jeune femme de 28 ans ressemble à une déesse indienne : une profusion de bijoux, une débauche de couleurs vives, un maquillage exagéré. Avec son sari rouge à paillettes, de grosses fleurs dans les cheveux et ses lourds grelots aux chevilles, Akanksha a beau être couverte de la tête aux pieds, elle dégage une assurance qui rend les hommes fous.

    Akanksha recommande au public de protéger sa « canne à sucre »

    « Vous m'aimez ? », leur lance-t-elle d'un air canaille derrière son micro. Les sifflements de la foule lui répondent. Car siffler est au lavani ce qu'applaudir est au théâtre.

    Akanksha tire la langue, et les sifflets redoublent. Entre la grimace enfantine et l'allusion charnelle, la mimique contient tout l'esprit du lavani : du double sens, que l'on comprend comme on veut.

    Pour cette représentation, Akanksha interprètera trois tubes du répertoire du lavani, toujours en marathi, la langue régionale. Dans « Karbhari Damane », elle demande à son mari « d'aller lentement », dans Fad Sambhal elle intime à son public de « protéger sa canne à sucre » et dans Kairee Padaachi, elle chante qu'elle est une mangue trop mûre, prête à être cueillie.

    « L'influence de Bollywood se fait sentir, les danseuses sont attirées par la gloire »

    Anil Sutar, le chorégraphe du spectacle, avertit :

    « Ne croyez pas que le lavani des banner shows corresponde à l'art authentique. A l'origine, le lavani possédait une dimension mythologique, poétique et philosophique. Aujourd'hui, l'influence de Bollywood se ressent beaucoup et les danseuses sont surtout attirées par la gloire. »

    Et à la campagne, il continue d'être pratiqué à la manière traditionnelle, par des danseuses venant de générations d'artistes, qui vivent entre elles, avec l'interdiction de se marier.

    Pour Akanksha, aucune obligation de cet ordre. Après le spectacle, la jeune femme rentrera chez elle dans le nord de Bombay, en jean, pendue à son portable, déjà occupée à organiser sa prochaine tournée.

       

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