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L'expertise du cabinet-conseil New Deal
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3 octobre 2008

YAYI BONI, prisonnier de Albert TEVOEDJRE.....

Parcours politique de Tévoèdjrè
20-08-2008

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Boni Yayi, prisonnier de Albert Tévoédjrè
Je l’avoue : l’inspiration de faire partager cette opinion émane de la lecture de l’article de presse intitulé « YAYI Boni, prisonnier des évangélistes » et paru dans le numéro 2865 du jeudi 5 juin 2008 du quotidien « le Matinal » sous la plume alerte de Charles TOKO. 

En prenant connaissance d’une correspondance du 26 mai 2008 adressée aux internautes par Monsieur Nestor DAKO, Directeur de Cabinet du Président de la République, TOKO s’ébahit d’apprendre que Boni YAYI est l’objet d’un « encadrement spirituel par des Responsables de Fédérations et d’Eglises… ». Cet étonnement, TOKO l’a exprimé, avec rigueur intellectuelle, en partant du langage militaire pour montrer, mieux, démontrer que l’encadrement spirituel équivaut à « placer (Boni YAYI) là et le bombarder de mensonges, de calomnies, d’intrigues, de bondieuseries, des vertes et des pas mûres, d’imbécillités de toutes sortes, de sottises… ». Et il en tire la conclusion : « le pays va mal ».

Tévoédjrè et le mimétisme institutionnel                     
En dehors ou en plus  des évangélistes, Albert TEVOEDJRE se révèle comme un autre geôlier de YAYI à travers « l’affaire Organe Présidentiel de Médiation ». Ici, la stupéfaction s’origine dans l’ouvrage de Albert TEVOEDJRE «  La pauvreté, richesse des peuples ». En effet, l’une des idées- force développée dans le livre est le mimétisme institutionnel peint ou « caricaturé » par l’auteur en ces termes repris en gras :
 
« Sûrs de nous, ingénument, nous avons, en logique pure, obéi à un syllogisme sans  faille.  Je corrige. Nous nous  sommes laissé prendre dans l’égrenage d’un polysyllogisme rigoureux comme le destin. Voici comment on peut l’énoncer :
« Tous les pays indépendants du monde entier ont à leur tête un président qui dirige un gouvernement composé de vingt à trente ministres. Tous disposent d’ambassades à l’étranger, occupent un siège à l’ONU, s’appuient sur une police rigoureuse, une armée équipée de tanks et de « Mirages ». Tous établissent des universités nationales, des compagnies nationales d’aviation. Tous expriment leur souveraineté par un drapeau et un hymne national.
« Or la République démocratique du Kilimandjaro vient d’être proclamée Etat souverain et indépendant.
« Donc la République démocratique du Kilimandjaro doit avoir un drapeau, une armée, une université, etc.
«  Je poursuis le raisonnement.
« Tous les dirigeants politiques de tous les pays indépendants du monde habitent des palais bien gardés, circulent en limousine noire précédée et suivie de motards, disposent de fonds secrets, de nombreuses résidences secondaires à travers le monde, etc.
« Or le suffrage populaire vient de désigner les dirigeants politiques de Kilimandjaro.
«  Donc les dirigeants politiques de Kilimandjaro doivent circuler en limousine noire précédée de motards, etc.
«  On peut poursuivre le raisonnement et nous avons :
« Tous les ambassadeurs, tous les parlementaires, les généraux, les directeurs généraux, les chefs religieux, les idéologues ; toutes les premières dames de tous les pays indépendants, sont, disent, font…
«  Or le Kilimandjaro…
«  Donc le Kilimandjaro… ».
De façon manifeste, le système politique béninois est caractérisé par ce mimétisme à travers des institutions qui le meublent, notamment celles créées par la constitution du 11 décembre 1990. Loin de moi la velléité ou l’intention de remettre en cause les acquis de la Conférence Nationale. Il y a que la vie nous apprend que rien n’est figé, que tout est mouvement ou en mouvement. Il y a que la souveraineté nationale nous autorise à corriger ce qui mérite de l’être dans le fonctionnement des institutions de la République. Il y a que nous gagnerons le combat pour le développement de notre pays si nous intégrons la culture béninoise, ouverte aux apports extérieurs féconds, à tout processus décisionnel. Il y a que, dans un pays aux moyens limités comme le nôtre, le mimétisme institutionnel est source de gâchis financier au détriment des réponses à apporter aux multiples interpellations sociales.
En effet, avec la constitution du 11 décembre 1990, le Bénin s’est vu doter, à l’instar de la plupart des pays africains, de la Cour Constitutionnelle, du Conseil Economique et Social, de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication. Avec le pouvoir de Boni YAYI, ce mimétisme est  aggravé ou accentué par la  création du Haut Conseil au Changement, de l’Organe Présidentiel de  Médiation, du Haut Commissariat de Gouvernance  Concertée….
Si les pays africains n’avaient pas « la tête en bas ou la déraison du mimétisme » - pour reprendre le titre du chapitre II du livre dans lequel TEVOEDJRE exposa la notion de « polysyllogisme rigoureux », ils se plaindraient moins de manque de moyens financiers pour réaliser les projets de développement.
Au plan strictement national, « la tête en bas » a donc motivé la décision « souveraine » de la Conférence Nationale de février 1990 de créer de nouvelles institutions de la République. C’est la raison pour laquelle, à la différence de tous dix (10) textes constitutionnels qui l’ont précédée, la constitution n°90-32 du 11 décembre 1990 a institué, en tant qu’organes nouveaux et autonomes, la Cour Constitutionnelle et la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication.
Polysyllogisme oblige : parce que ces institutions existent ailleurs, en Afrique et au-delà de l’Afrique, il faut les créer au Bénin. Par cette approche mimétique, la part des dépenses improductives s’alourdit dans l’exécution des budgets de l’Etat. Tenez, l’état d’exécution des dépenses publiques révèle que les crédits alloués, en cinq (5) ans, de 2003 à 2007,  se chiffrent à :
- 3 983 170 901 pour la Cour Constitutionnelle ;
- 5 232 068 365 pour le Conseil Economique et Social ;
- 6 240 168 625 pour la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication. Dans les constitutions antérieures à celle du 11 décembre 1990 en vigueur, les attributions de la Cour Constitutionnelle étaient dévolues à la Cour Suprême. S’il est un organe qui suscite le plus d’interrogations sur l’utilité de sa création, c’est le Conseil Economique et Social dont le rôle, invariable à travers tous les textes constitutionnels de notre pays, est de « donner son avis sur les projets de loi, d’ordonnance ou de décret ainsi que sur les propositions de loi qui lui sont soumis ». Cet avis - il faut le souligner -  ne s’impose à aucune autorité de la République : il est consultatif. Par le caractère consultatif de ses avis, le Conseil Economique et Social est une institution superfétatoire -je dis budgétivore.
Les pères de la constitution du 11 décembre 1990 auraient innové en assignant la mission importante de « garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse » à une structure dépendant de la Cour Suprême - et non à la Haute Autorité de l’Audio-visuel et de la Communication avec les pesants inconvénients budgétaires.
Il aurait pu en être de même pour la Haute Cour de Justice.
Vous le voyez : dans notre pays où les impératifs se définissent en termes de réponses aux besoins élémentaires de la majorité de la population, la Conférence Nationale, historiquement victorieuse par les conclusions de ses travaux, a par ailleurs « failli » en retenant le canevas de ces institutions budgétivores.

De l’Opm                     
Albert TEVOEDJRE, qui en a été un participant « viril » et le rapporteur général, aurait pu saisir cette opportunité pour développer, avec sa faconde coutumière, « le polysyllogisme » et  mettre en garde les conférenciers contre le mimétisme institutionnel.
Après s’être abstenu de le faire, il s’affiche aujourd’hui comme un artisan vigoureux et un avocat- défenseur du polysyllogisme en prenant l’initiative de préparer et de soumettre au Chef de l’Etat un avant-projet de décret portant création, attributions et fonctionnement de l’Organe Présidentiel de Médiation. Se souvenant des débats musclés suscités au sein de l’hémicycle au crépuscule de la quatrième législature et qui préfiguraient le rejet du projet de loi sur le Médiateur de la République, Boni YAYI, censé mû par le sens de l’Etat, ne devrait pas apposer sa signature au bas du document de TEVOEDJRE. Face à celui-ci, YAYI a perdu son autonomie de réflexion et d’analyse dans l’étude du dossier à lui soumis.
TEVOEDJRE est donc nommé en conseil des Ministres, sur proposition de Boni YAYI. Cette légèreté dans la prise de décision est si évidente que le pouvoir judiciaire joue déjà le rôle du Médiateur de la République, celui de régler, par la médiation, « les différends et litiges nés des rapports entre les personnes physiques et morales, les collectivités territoriales, les établissements publics et tout autre organisme investi d’une mission de service public ».   Véritablement « renard », TEVOEDJRE a fait initier par le Chef  de l’Etat,  la tenue d’un « Colloque international sur la médiation en République » pour convaincre l’opinion nationale du bien-fondé de la création de son institution à travers un thème redondant : « Le rôle et la fonction du Médiateur de la République au serivce d’une nation émergente dans une Afrique conciliée ». A l’ouverture de ce colloque le mardi 4 décembre 2007 à Porto-Novo, il mit en exergue la nécessité et l’importance de l’institution : « Ce qui manque aux instruments constitutionnels, le Président de la République l’a fait constater et a comblé le vide en créant l’Organe Présidentiel de Médiation pour mieux assurer la marche et mettre en œuvre le projet de gouvernance concertée. Votre décision d’instituer l’Organe Présidentiel de Médiation procède de cette méthode. A vous le génie de créer et l’audace d’entreprendre. A nous revient le devoir de vous accompagner dans l’intelligence de planifier et la rigueur d’organiser » (La Nation n°4383 du mercredi 5 décembre 2007).
Peu convaincus par ces mots du reste flatteurs, Thierry Ifèdola MAHUGNON, Hugues Lambert de SOUZA et Cyriaque GBENOU défèrent à la Haute Juridiction pour contrôle de constitutionnalité le décret n°2006-417 du 25 août  2006 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de l’Organe Présidentiel de Médiation.
Informé de cette saisine et pressentant la décision d’annulation intervenue le 26 mai 2008, TEVOEDJRE s’empresse de faire prendre par Boni YAYI, le décret n°2008-158 du 28 mai 2008 portant création de l’Organe Présidentiel de Médiation. Dans le fond, le dernier décret ne se démarque pas du premier. Le but de la manœuvre est de faire admettre que la décision de la Cour Constitutionnelle est un coup d’épée dans l’eau ou l’égorgement d’un cabri inanimé puisque le décret  du 25 août 2006 annulé est déjà abrogé par celui du 28 mai 2008. Ceci explique qu’en dépit de la décision de la Cour Constitutionnelle, TEVOEDJRE est encore en fonction en qualité de Médiateur à la Présidence de la République. Cet état de fait ne durera pas, la Cour Constitutionnelle de Maître Robert DOSSOU devant statuer sur de nouveaux recours en annulation du décret « rebelle » qui connaîtra le même sort que le précédent.
Dans sa stratégie proactive, TEVOEDJRE a déjà préparé et soumis au Chef de l’Etat un avant-projet de loi portant création de l’Organe de Médiation. Et YAYI s’apprêterait à initier un projet de loi à l’adresse de l’Assemblée Nationale. Pourquoi Boni YAYI manifeste-t-il des réflexes si  pavloviens à accepter tout ce que Albert TEVOEDJRE lui propose ?
Octogénaire et appartenant à la même génération que TEVOEDJRE, j’ai suivi le parcours de l’homme à travers l’histoire politique de notre pays, parcours qui me fonde à ne pas être surpris par «  l’aplatissement » de YAYI devant TEVOEDJRE.
Au lendemain des élections législatives des 2 et 23 avril 1959, un nouveau gouvernement est formé au Dahomey dont le territoire a opté pour le statut d’Etat membre de la communauté franco-africaine instituée par la constitution du 4 octobre 1958. Mis en place les 26 et 27 mai 1959, ce gouvernement, dirigé par le Premier ministre Hubert MAGA, compte onze ministres et deux secrétaires d’Etat.
En janvier 1960, un pamphlet signé de Albert TEVOEDJRE défraie la chronique : « Le grand secret mis à nu : toute la vérité sur les indemnités ministérielles au Dahomey ». Par cet écrit, TEVOEDJRE dénonce les montants exorbitants des indemnités perçues par les membres du gouvernement et de l’assemblée nationale ainsi « les multiples voyages, le personnel lourd et coûteux de certains ministres, les banquets officiels. » Très révolté, il invite à la mobilisation : « Au nom du peuple dahoméen, au nom de tous nos concitoyens réduits à la portion congrue, résignés à l’akassa, au piment et au sel, il faut que des hommes acceptent d’affronter « ces princes qui nous gouvernent ». Il faut que des hommes acceptent le danger, les menaces et fassent preuve de courage et de moralité. »
«   Un syndicaliste m’écrivait récemment d’Athiémé :   
« Cette situation qui nous est imposée ressemble à un vaste complot de charognards qui s’acharnent sur un Dahomey moribond ». Je le crois aussi et je me rends compte de jour en jour qu’ils sont nombreux à ourdir ce complot : ils sont puissants ; ils sont riches…mais ils ne peuvent rien contre la détermination du peuple dahoméen.
« De son côté, le gouvernement français continue directement ou indirectement à participer au complot. En acceptant d’un cœur léger de combler notre déficit de près de deux milliards de francs CFA, le gouvernement français encourage notre gaspillage, nos dépenses somptuaires, notre faste criminel.
« Le gouvernement français indique par là que les colonies continuent à l’intéresser. Car je redis que la colonisation est comme une balance commerciale : si elle déficitaire sur tous les plans, il y a longtemps qu’on ne coloniserait plus…
« Ce qui m’écoeure au surplus, c’est de savoir qu’en France où le niveau de vie est dix fois plus élevé que le nôtre, aucun ministre ne dispose d’un revenu mensuel de Fr. 300 000 CFA…. Et pourtant on encourage les nôtres au gaspillage et à l’injustice croissante…. Pourvu que vivent les colonies !
Je le dis encore : il m’apparaît tout à fait anormal que gouvernant une masse de citoyens trop pauvres, des individus réussissent à  s’enrichir si vite et si amplement…. Obscure galerie inventée par Voltaire, le corridor de la tentation n’est plus jamais désert… et les vautours sont légion !  « Ne me dîtes plus qu’en Côte d’Ivoire, au Cameroun, aux Etats-Unis, les ministres gagnent davantage qu’au Dahomey, vous révélerez alors votre ignorance et votre cupidité. Nous devons payer nos ministres et nos fonctionnaires suivant nos possibilités…
«  S’habiller à sa taille, se chausser à son pied, voilà la sagesse.
«  Alors ?
« Alors, il faut encourager les travailleurs de notre pays à se mobiliser au service de l’indépendance, au service de la justice, au service du bien commun….
« Il faut nous organiser pour que la raison triomphe. »
En réalité, « Le grand secret » n’en était pas un, puisque les indemnités ministérielles et parlementaires ont fait l’objet d’une loi votée en plénière et publiée après promulgation par le Premier ministre et déclaration de conformité à la constitution par le tribunal d’Etat.
Quoi qu’il en soit, Albert TEVOEDJRE, par ses attaques récurrentes et assassines  contre le gouvernement, plongeait MAGA dans des insomnies. Pour s’en sortir, pour retrouver le  sommeil, MAGA le nomma, par décret n°306/PCM du 4 novembre 1960, Commissaire à l’Information avant  de le promouvoir au poste de Secrétaire d’Etat à la Présidence de la République, chargé de l’Information.
Dans l’exercice de ses fonctions ministérielles, TEVOEDJRE révulsait plus d’un citoyen par son zèle débridé au service du gouvernement et contre les travailleurs et le peuple dont il était la voix autoproclamée. Mieux que quiconque, mon aîné et ami Paul HAZOUME a su exprimer notre colère commune,  la colère de l’intelligentsia dahoméenne dans l’article « Réponse au petit commis Albert TEVOEDJRE » paru dans un journal très lu de la place, article dont je ne me console pas de sacrifier des extraits tout aussi révélateurs du vrai TEVOEDJRE que ceux difficilement choisis et cités ci-après : « L’attitude d’aujourd’hui de  Albert TEVOEDJRE ne nous surprend et ne nous indigne nullement. Il y a des natures créées pour se vautrer dans la boue. Relevez-les, lavez-les soigneusement et posez-les sur un drap propre. A peine aurez-vous tourné le dos qu’elles regagneront leur bourbier…
« Caméléon, il ne change pas seulement de couleur de peau, mais aussi de celle de son âme, selon les nécessités de l’heure.
« Il s’était mis du côté de son Afrique et a gémi sur son sort dans son livre ‘’L’Afrique révoltée’’.
« Vous le croyez sincère, vous vous disposez à l’encourager dans sa défense de la cause de l’Afrique, vous lui témoignez votre sympathie. Mais subitement il fait volte-face, s’étend à plat ventre et se met à ramper pour obtenir des faveurs des puissants du jour.
« Il sait jouer des coudes pour aller occuper la première place à côté des maîtres provisoires de notre République, les encenser si maladroitement que chacun de ses coups d’encensoir constitue un coup de pavé de l’ours qui, à la longue, et sans qu’il s’en doute, assomme ses maîtres…
« Un moment, au Dahomey, il a feint de s’indigner contre les tenants de la politique du pays. Il a créé son M.L.N.
« En réalité, il se moquait royalement des intérêts de cette nation.
« Il n’a fait, dans son hebdomadaire, ’’Le Dahomey’’ le matamore que pour effrayer et se voir vite appelé à la curée. Dès qu’il a mis un pied dans l’étrier, il fait montre d’un zèle impudent, uniquement pour se consolider dans la sinécure….
«TEVOEDJRE  a abandonné son cours d’histoire et de géographie au lycée Victor BALLOT, abandonné les chers enfants du pays pour vendre son âme, peu noble d’ailleurs, au gouvernement installé à la tête du pays grâce au terrorisme, endosser la livrée de valet, empoigner l’encensoir et le manier avec une gaucherie congénitale de rustre, et qui vous fait éclater de rire jusqu’aux larmes…
« L’auteur de ‘’L’Afrique révoltée’’ et du ‘’Grand secret mis à nu’’ ne s’est-il pas mis avec empressement au service des martyriseurs, des exploiteurs d’un pays d’Afrique ? Et ces martyriseurs, ces exploiteurs, c’est inconcevable, sont les propres fils de ce pays.
« La duplicité de ce valet ne nous étonne guère. Il faut cependant plaindre ce cher Dahomey qui s’est trahi par ses propres fils, ceux pour qui il s’est imposé de lourds sacrifices…
« La faim, comme l’a dit, à juste raison, le philosophe Gustave LEBON, est la plus grande douleur qui torture l’humanité depuis son apparition dans ce monde, et elle est capable de lui faire perdre la raison, de la pousser à tous les parjures inimaginables, à toutes les trahisons envers son pays…
« Chez TEVOEDJRE, la faim est doublée d’ambition exagérée. Il a, en réalité, comme acquis tout juste de quoi gagner sa vie comme pion. On l’a bombardé ‘’professeur’’.
« Il a pris peur parce qu’il savait que le professorat exige des qualités d’esprit et de cœur qu’il est loin de réunir. Il a donc préféré embrasser une profession –la politique- où même les imbéciles, les malhonnêtes réussissent, c’est triste à dire, avec un peu de bagout assaisonné d’une forte dose d’inconscience, d’ambition et d’intrigues…
« Il se lancera à la tâche qui lui est assignée. Mais son esprit demeuré étrangement primaire, malgré la teinture d’enseignement supérieur reçue, son raisonnement aussi irrémédiablement enfantin, son âme de plus en plus avilie, y compris son extérieur peu distingué, tout le dessert beaucoup. C’est pourquoi il ne faut attendre rien de sensé, de noble, d’efficace de cet avorton physique, intellectuel et moral. »
Au passage, il n’est pas superflu de porter à la connaissance des générations d’après la mienne que, pour avoir manqué à notre illustre et respecté aîné Paul HAZOUME, celui-ci ne  résista pas à le couvrir d’imprécation avant de s’interroger et d’implorer la grâce divine sur la race de TEVOEDJRE : «Vous ne serez jamais bon à rien dans votre vie…
«Grand Dieu ! Comment un homme qui se pique de lettres, et se dit professeur d’histoire, peut-il tomber si bas dans la flagornerie, le mensonge, l’abjection sans se rappeler, un seul instant, le sort que la vie réserve toujours à de tels hommes ?
« C’est là Votre mystère qu’il est impossible aux humains que nous sommes de percer.
« Nous pouvons seulement Vous prier d’éclairer tous ces égarés qui tissent inconsciemment le malheur de notre cher pays, car ils ne savent ce qu’ils disent, ce qu’ils font et où doivent les conduire leurs paroles insensées, leurs actions néfastes ! »
Malgré tout, pendant que TEVOEDJRE jouait malhabilement son rôle de « griot national », HAZOUME lui prodiguait des conseils : « Vos divagations à la Radio de Cotonou risquent de mécontenter vos maîtres eux-mêmes tellement elles dénotent une déficience de votre part, le manque de réalisme. Attention ! Vous leur attirez beaucoup d’ennuis déjà. Vous risquez de vous voir jeter bientôt dans la rue par vos propres maîtres écoeurés, eux aussi, comme d’ailleurs tout le pays, de vos éructations méphitiques, signe indubitable de votre hypocondrie qu’il vous faudra soigner, pour que cela ne vous joue pas, un jour, un sale tour. »
Les conseils de HAZOUME étaient prémonitoires : excédé par les « battements de tam-tams » de TEVOEDJRE, MAGA le limogea du gouvernement en le remplaçant par Jean PLIYA.
Plus tard, la presse internationale nous apprend que Albert TEVOEDJRE est le Directeur Général Adjoint du Bureau International du Travail (BIT), à Genève. Toujours mû par l’«ambition exagérée », il s’acharna contre Michel BLANCHARD, Directeur Général du BIT pour lui succéder. La chaude brouille entre les deux hommes se solda par le départ précipité de TEVOEDJRE du BIT.
Les eaux ont coulé sous les ponts.
Vers la fin des années 1980, je le retrouve à Porto-Novo en qualité de Secrétaire Général de l’Association Mondiale de Prospective Sociale.
Après la Conférence Nationale de février 1990, son rêve de retrouver un maroquin fut brisé par Nicéphore Dieudonné SOGLO, Premier ministre du gouvernement de Transition. Il ne s’en consolera jamais et affrontera le candidat SOGLO à l’élection présidentielle de 1991. SOGLO est élu Président de la République au suffrage universel. Pendant son quinquennat, il tient TEVOEDJRE à distance de la gestion des affaires publiques. La situation est intenable pour ce dernier. Il se résout à se battre pour la chute de SOGLO. A cette fin, il dispose de deux armes : le bagout et la plume. L’esprit de critique - je ne dis pas l’esprit critique - guidait son comportement d’opposant. Tous les propos et actes du Président SOGLO étaient criblés de critiques sans le moindre discernement aussi bien à la radio, à la télévision que dans son journal ‘’BATISSEURS d’AVENIR’’. Dans ses critiques, il alliait indécence et cynisme, démagogie et irréalisme, mythomanie et malhonnêteté, impétuosité et impatience, ruse et finesse pour emballer et embarquer les esprits philistins dans sa volonté irrésistible de déchoir SOGLO en vue de, clamait-il, « gérer autrement » le pays. SOGLO n’étant pas MAGA qui devenait insomniaque à l’audition des « aboiements du roquet », il ne perdait rien de son calme lorsque TEVOEDJRE tirait à boulets rouges sur sa personne, son épouse, ses enfants, son gouvernement et son parti. Face à la sérénité olympienne de SOGLO et  persuadé qu’il ne pouvait l’affronter à nouveau avec succès dans l’élection présidentielle, TEVOEDJRE trouva en Mathieu KEREKOU, l’unique bâton par lequel il pouvait lui asséner un coup politiquement fatal. La Coalition des Forces Démocratiques fut constituée et son candidat  KEREKOU est, entre autres, le challenger de SOGLO à l’élection présidentielle de 1996.
4 avril 1996 : Mathieu KEREKOU « monte en haut ». D’aucuns ont pensé qu’il avait le devoir moral de renvoyer l’ascenseur à TEVOEDJRE. Ce fut une vue simpliste.                   
Plus sérieusement, KEREKOU, dans l’ombre du premier Président de la République du Dahomey en tant qu’Aide de Camp au début des années 1960, a observé TEVOEDJRE opposant à MAGA Plus sérieusement, KEREKOU, sous les filaos de 1991 à 1996, a observé TEVOEDJRE dans son opposition énergique contre SOGLO. De cette double observation, il a tiré l’enseignement que, en politique, il ne faut  pas se hasarder à laisser TEVOEDJRE réfléchir contre son pouvoir. Il le nomme alors Ministre du Plan, de la Restructuration économique et de la Promotion de l’Emploi. Les 20 000 emplois miroités à la jeunesse en proie au chômage n’ont pas été créés. Le « gérer autrement » s’est révélé comme la destruction systématique du glorieux héritage de SOGLO sans la moindre substitution si ce n’est le retour du pays sous KEREKOU II et III (1996-2006) aux temps infernaux de la faillite connue sous KEREKOU I (1972-1990).
Entre-temps, TEVOEDJRE quitte le gouvernement pour se retrouver à Abidjan dans la fonction de Représentant du Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies chargé du règlement pacifique du conflit ivoiro-ivoirien. Dans ce conflit qui exigeait stricte impartialité de toute personne investie de la mission de son dénouement, TEVOEDJRE prit parti pour l’un des belligérants. Voyant sa vie menacée, il démissionna. Retourné au Bénin, il retomba dans les mailles de la faim. La politique étant son meilleur moyen d’assouvir la faim, il réfléchit à la succession de KEREKOU dont le départ du pouvoir lui parut imparable avec le  combat des  anti-révisionnistes.
En 1998, à l’occasion d’une réunion internationale tenue à l’hôtel SHERATON, il prédit à YAYI un destin de Président de la  République : « Tu sais, Thomas, le pouvoir après KEREKOU reviendra à quelqu’un comme toi, originaire du centre ethnique du pays, qui a la chance de fédérer deux grands groupes ». Il engagea la lutte pour donner corps et vie à cette prophétie : Boni YAYI est élu  à la magistrature suprême du Bénin en 2006.

Pourquoi YAYI n’hésite-t-il pas à avaler toutes les couleuvres que lui présente TEVOEDJRE ?
Le cheminement qui a suivi la question posée en d’autres termes plus haut conduit aisément aux réponses.
Parce que Boni YAYI a sûrement en mémoire toutes les misères que TEVOEDJRE a fait vivre à MAGA.
Parce que Boni YAYI a été un témoin oculaire du combat que TEVOEDJRE livra à SOGLO en six ans d’exercice du pouvoir d’Etat  au point d’avoir été l’architecte de sa chute en 1996.
Parce que Boni YAYI a compris, comme KEREKOU, que pour vivre avec moins d’ennuis en politique au Bénin, il vaut mieux composer avec TEVOEDJRE. Et le meilleur moyen de le faire  est d’être son oreille.
En définitive, YAYI a plutôt tiré leçon de ce qui  est advenu à SOGLO du seul fait de TEVOEDJRE.
A l’analyse, les causes de la défaite de SOGLO sont liées moins au combat de TEVOEJDRE qu’à son déficit de collaboration ou d’association des forces politiques à la gestion du pouvoir d’Etat.
Si Bruno AMOUSSOU ne se lassait de reprocher au Président Nicéphore SOGLO « l’exercice solitaire du pouvoir », c’était pour lui signifier la nécessité d’un rééquilibrage des forces politiques dans le cadre d’ une gouvernance concertée susceptible de lui garantir la longévité politique.
Le Groupe de Concertation Politique, créé en avril 1991 et dirigé par Amos ELEGBE, s’il avait été entretenu et développé, aurait préservé le Renouveau Démocratique du retour de KEREKOU aux affaires publiques en 1996.
J’observe, avec tristesse, de ma tanière d’instituteur retraité, que YAYI est, exactement, sur les traces de SOGLO : réalisations infrastructurelles impressionnantes mais politique  relationnelle défaillante.
Autant SOGLO avait écarté de la gestion du pouvoir d’Etat ceux qui l’ont aidé à le conquérir en 1991, autant YAYI s’est résolu à liquider l’Alliance ‘’WOLOGUEDE’’ dont le soutien a été déterminant dans son triomphe contre Maître Adrien HOUNGBEDJI en 2006.
Les mêmes causes étant mère des mêmes effets, - et n’en déplaise au professeur Dénis AMOUSSOU-YEYE- Boni YAYI en 2011, ce sera Nicéphore SOGLO en 1996.
Saisissant la balle au bond, j’apporte la contradiction à AMOUSSOU-YEYE en lui faisant observer que la « multiculturalité  de YAYI » sur laquelle il s’adosse pour assurer « la réélection haut la main » de ce dernier en 2011 n’est que mythe face aux leaders du Sud soudés dans le G4 et solidement soutenus par le G13 et FORCE CLE. Pour la première fois donc, en 2011, le Sud sera autant « monolithique » que le Nord dans la bataille pour la succession de YAYI. Dans ces conditions, il  est « mathématiquement » sûr que YAYI sera battu à plate couture en 2011.
Ce qui serait dommage, bien dommage pour le pays tout entier. A l’allure où il avait commencé en 2006, YAYI a suscité de réels espoirs par rapport à l’amélioration des conditions de vie des Béninoises et Béninois.
La sociologie béninoise enseigne que ce qui importe pour le Béninois, ce ne sont pas les routes pavées ou bitumées, les bâtiments luxueux, les échangeurs…. Les priorités du Béninois, dans la petitesse de sa nature, se résument au pain et à la paix.
Or aujourd’hui, des facteurs exogènes non maîtrisés se conjuguent aux facteurs endogènes aussi incontrôlés pour inscrire le Bénin sur le tableau  africain des pays à la vie chère. Cette cherté de la vie, le  Béninois la ressent dans sa chair et dans son  esprit en ne vivant plus, mais en survivant. Et, pourtant, le pays dispose d’immenses potentialités pour permettre à ses fils de vivre à l’abri de la précarité.
Or aujourd’hui, l’Etat est vidé  de son sens et se réduit à « l’Etat - FCBE ». Aujourd’hui, la paix nationale est menacée par un pouvoir sous lequel on observe des dérives inquiétantes: tentative de restauration du monolithisme politique, ingérence de l’exécutif dans la gestion du parlement, instrumentalisation des organisations de la société civile contre les partis politiques, recul de la liberté  de presse et de la liberté syndicale, conflit d’attributions dans l’application des lois sur la décentralisation par la substitution des autorités centrales aux autorités locales, résistance à l’adoption du décret d’application de la loi portant statut de l’opposition et promulguée le 14 octobre 2004, résurgence du régionalisme dans la gouvernance, amalgame des affaires publiques et religieuses au mépris de la laïcité de l’Etat, création d’institutions non prévues par la Constitution ( Organe Présidentiel de Médiation, Haut Commissariat à la Gouvernance Concertée, Haut Conseil au Changement…), non installation de conseils communaux, « cascade de blocages des travaux parlementaires », assemblée nationale muée en ring par des députés admirateurs de CASSIUS CLAY …etc. Ces actes ne sont commis que parce que le Président de la République manque d’autorité, ne pensant et n’agissant que sous la pression des Evangélistes, d’une poignée d’éminences grises dont Albert TEVOEDJRE et des FCBE. De sa tombe, Maurice KOUANDOTE regretterait de plus être d’ici-bas où il aurait trouvé, avant le Mauritanien, des motifs pléthoriques  pour mettre un terme à ce « bordel » des pékins.
A deux mois de 81 ans, je n’ai plus – croyez-moi - d’avenir ou, pour reprendre l’expression de mon regretté camarade d’école Théophile PAOLETTI au soir de sa vie, « mon avenir est derrière moi ». Ce n’est pas une raison pour ne plus rêver. Je rêve donc. Je rêve d’un Bénin « où il fait bon vivre pour chacun et pour tous » par et dans la gouvernance inclusive.                
Cotonou, le 18 août  2008.

par Jean-Louis Boton SOUROU,
Instituteurà la retraite

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