La HALDE, un "machin" gratuit?

Schweitzer, l’ami qui vous veut du rien

Discrimination / vendredi 9 mai par Sabrina Kassa

La Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) a eu trois ans d’âge mardi 6 mai. Alors ? Les victimes sont à la mode et les patrons du CAC 40 mènent toujours la danse.

Sur un ton très marketing, Louis Schweitzer, président de la HALDE, a affirmé le 6 mai sur France inter : « Nous saisir, c’est gratuit ! ». Plus tard, quand les auditeurs l’ont interpellé sur les discriminations dont ils sont victimes (c’est fou ce qu’il y a comme victime ces derniers temps !), il a répété à l’envie, « Ah oui ! très bien, je vous invite à nous contacter et à nous écrire ». Ou bien, « Ah non, ça on ne peut rien faire, cette (saloperie) de discrimination est juridiquement acceptable ». Et le malheureux de dire : « Mais monsieur, je vous ai déjà écrit, il y a deux ans ». « Bon, très bien alors réécrivez en me l’adressant personnellement »… Ecrivez, écrivez, ça vous fera passer l’envie de vous révolter pour de bon !

Louis Schweitzer, l’ami des victimes est l’un des patrons les mieux payés du CAC 40 (7,9 millions d’euros en 2007 : merci les stock options !) mais visiblement la contradiction ne l’empêche pas de dormir. Il a même répondu à Demorand : « Quand je vois des traders être payés 3 milliards de dollars, je me sens tout petit… » C’est sûr, quand la référence, ce sont les grands bandits de la finance internationale, l’éthique a du souci à se faire.

Le Président de la Halde, président du Conseil d’administration de Renault, siégeant au CA de L’Oréal, au Conseil de surveillance du Monde… protestant, étiqueté « patron de gauche » a une vision du monde bien ajusté au monde actuel. Dans son blog, les cordons de la bourse, le journaliste de Libé Nicolas Cori rappelle « un entretien où le président de Renault s’est totalement lâché, mais qui est passé inaperçu, puisqu’il a été publié dans un ouvrage, un des succès de la rentrée littéraire 2007, Cendrillon, d’Eric Reinhardt. (…) Et que dit l’homme qui gagne des millions de stock-options ? Que le monde du capitalisme financier a dérapé. "Le code anglo-saxon, unidimensionnel, qui s’oppose au code français, pluridimensionnel, est devenu la norme : l’argent est la mesure de toute chose. (…) C’est aussi un pur rapport de force" »

Si l’argent, donc, est la mesure de toute chose, à quoi bon saisir la Halde, puisque c’est gratuit !